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Lumière fossile, aux limites de l'univers observable.

UPANISHADS DU RENONCEMENT

 

Brahman Upanishad

Traduite et annotée par M. Buttex
D'après la version anglaise du Swami Madhavananda
Publiée par Advaita Ashram, Calcutta

Om ! Puisse-t-Il nous protéger tous deux; Puisse-t-Il nous nourrir tous deux;
Puissions-nous travailler conjointement avec une grande énergie,
Que notre étude soit vigoureuse et porte fruit;
Que nous ne nous disputions pas, et que nous ne haïssions personne.

Om ! Que la Paix soit en moi !
Que la Paix gagne mon environnement !
Que la Paix soit en les forces qui agissent sur moi !

 

             1. Om ! Un jour, Shaunaka, maître de maison d'excellente réputation, questionna le Bhagavan (1) Pippalada, de la famille des Angiras : «  Dans ce corps, cité divine de Brahman, nous nous tenons. Mais comment (les dieux) l'ont-ils créé ? A qui appartient la gloire de cette création ? Qui est-il, Celui dont provient une telle gloire ? »

1 Bhagavan : « Maître de la splendeur et du pouvoir » - 1) Seigneur; Dieu personnel. Bhagavan possède 6 attributs divins : Jnana, la Connaissance; Bala, la Force; Aishwarya, la Seigneurie; Shakti, le Pouvoir; Virya, l'Énergie créatrice; et Tejas, la radieuse Splendeur. Cf. Ishvara. 2) Titre que l'on donne à un maître vénérable, un saint.

             2. Alors Pippalada lui dévoila la Sagesse suprême de Brahman :
             « L'Atman ? C'est le prana (1). Le prana, c'est la gloire de l'Atman, la vie des Dévas (dieux). Il représente à la fois la vie et la mort des dieux. Ce Brahman qui brille au sein du divin Brahmapura (2) (le corps) comme l'Unique et le Parfait, dénué d'effets manifestés, radieux de Sa propre splendeur, omnipénétrant, c'est Lui qui contrôle le jiva (3), telle une araignée contrôle la reine des abeilles. Tout comme l'araignée, au moyen d'un unique fil, déploie et retire sa toile, ainsi le prana se retire, entraînant avec lui sa création. Le prana appartient aux nadis (nerfs subtils), il y est la divinité résidente, il est leur Devata (4). Plongé dans le sommeil profond, on traverse cet état en direction de sa demeure d'origine, comme un faucon planant dans le ciel – oui, tout comme le faucon se dirige vers son nid, porté par le ciel lui-même. De même que Devadatta (5) ne s'échappe pas si quelqu'un le frappe avec un bâton lorsqu'il est en sommeil profond, de même il ne s'attache plus aux conséquences – positives ou négatives – de ses actes diurnes; tout comme l'enfant prend un plaisir spontané, sans motivation préalable et sans désirer de récompense à son plaisir, ainsi Devadatta – toujours dans son sommeil profond – jouit d'un bonheur total. Il se sait être la Lumière suprême. Désirant cette Lumière, il jouit d'elle.

1 Prana : 1) souffle, respiration, vent; 2) principe de vie, vitalité, énergie, force. L’énergie vitale sous-jacente à toute la manifestation cosmique, individuelle et collective; cette énergie remplit 5 fonctions : - prana : l’appropriation, l'ascension (inspiration); - apana : l’expulsion, la descente (expiration); - vyana : la distribution et la circulation (rétention du souffle); - udana : l’émission de sons; l'assimilation des énergies matérielles en énergies subtiles; - samana : l’assimilation des énergies subtiles transformées par udana (digestion et métabolisme de la nourriture).
2 Brahmapura : la cité (puri) du Brahman, le corps humain.
3 Jiva : l’individualité vivante, l’âme individuelle, dans son état de non-réalisation de son identité avec Brahman. Le Soi vivant, l’Atman qui réside en un jiva, le Témoin de la buddhi.
4 Devata : divinité.
5 Devadatta : Dieudonné, prénom aussi courant que Pierre, Paul ou Jacques. M. Tout-le-monde, en quelque sorte !

             Et c'est par le même processus qu'il retourne au sommeil avec rêves, semblable à une sangsue qui rampe vers un autre emplacement, en se fixant d'abord juste après son emplacement actuel. Quant à cet état que Devadatta n'abandonne pas pour aller au plus proche (comme le fait la sangsue), on l'appelle l'état de veille (6). Il porte en lui ces trois états de veille, sommeil avec rêves et sommeil profond, tout comme une déité védique tient simultanément les huit coupes sacrificielles. Car c'est à Lui, (Prana, ce Brahman qui brille au sein du divin Brahmapura – cf. au début de ce shloka) que les Védas et les dieux sont fixés, comme des mamelles. Dans cet état de veille, en particulier, Devadatta recueille les effets positifs ou négatifs (de ses actes), selon la loi, et au nom de cet être de lumière qui est en lui. Celui-ci – qui est son Soi – est expansif à volonté dans toutes les formes du monde, car il est le contrôleur interne (de même essence et de même nature) de toutes les choses et de tous les êtres au monde : Il est l'Oiseau, le Crabe, le Lotus, Il est le Purusha (7), Il est le prana, Il est le destructeur, la cause et l'effet, Il est le Brahman et l'Atman, Il est la divinité par laquelle toute chose est connue. Quiconque sait cela, atteint le Brahman transcendant, le soutien sous-jacent (de l'univers), le principe subjectif.

6 C'est dans l'état de veille que la continuité de conscience fonctionne le mieux pour Devadatta, qui est capable d'y emporter des réminiscences des rêves, voire du sommeil profond, au surplus de la mémoire de la vie consciente éveillée.
7 Purusha : « personne, esprit conscient » - 1) Le Principe psychique universel; s’oppose à Prakriti dans le système dualiste du Samkhya. Esprit et Matière, respectivement, mais aussi principes mâle et femelle, Purusha est la pure Conscience non-manifestée, par opposition à Prakriti, matière et nature, l'énergie de la manifestation à travers laquelle les univers se déploient. Par extension, notamment dans les Upanishads, Purusha se réfère à Brahman en tant qu'Homme Cosmique, « possédant mille têtes, mille yeux, mille jambes, incluant la Terre dans son corps, se diffusant dans toutes les directions, à l'intérieur de l'animé comme de l'inanimé » dit aussi le Rig Véda.

             3. Sache maintenant que ce Purusha a quatre emplacements dans le divin Brahmapura, le corps humain : le nombril, le coeur, la gorge et la tête (1). Là, brille le Brahman sous ses quatre aspects : l'état de veille, de rêve, de sommeil profond, et l'état quatrième, l'état transcendantal (turiya). Dans l'état de veille, Il est Brahma; dans le rêve, Il est Vishnu; dans le sommeil profond, Il est Rudra; dans le quatrième état, Il est l'Unique, suprême et indestructible. Et Il est encore le Soleil, Vishnu, Ishvara (2), Il est le Purusha, Il est le prana, Il est le jiva, l'être animé, Il est le Feu, Il est Ishvara, et Il est le Resplendissant. Oui, ce Brahman qui est transcendantal brille à l'intérieur de tous ceux-là ! En Lui-même, Il est dénué du mental, d'oreilles, de mains et de pieds, de lumière. En Lui, les mondes ne sont ni existants, ni non-existants; ni les Védas, ni les dieux, ni les sacrifices ne sont ni existants, ni non-existants; ni la mère, ni le père, ni la bru ne sont ni existants, ni non-existants; ni le fils de Chandala ni celui de Pulkasa ne sont ni existants, ni non-existants; ni le mendiant n'est ni existant, ni non-existant, pas plus qu'aucune des créatures ou qu'aucun des ascètes; ainsi, et par conséquent, seul l'unique très-haut Brahman brille là. Dans la niche du coeur se tient cet akasha (3) de la conscience – cette conscience avec tant d'ouvertures, avec sa détermination vers la connaissance, là, dans la niche du coeur – dans lequel tous ces univers extériorisés évoluent et se meuvent; dans lequel tout ce qui existe est tissé sur une trame et une chaîne. Quiconque sait cela, connaît pleinement toute la création. Sur lui, les Devas, les Rishis (4), les Pitris (5) n'ont plus aucun contrôle, car – étant pleinement éveillé – il est devenu un connaisseur de la Vérité.

1 Toutes ces informations sont à relier aux quatre chakras correspondants.
2 Ishvara : « Dieu ou Seigneur suprême » - Dieu personnel; aspect relatif et formel de Brahman, par opposition à son caractère d’Absolu, hors de la manifestation. C'est alors l'aspect personnifié, anthropomorphique du Saguna Brahman. Ishvara est le Pouvoir suprême, le Maître du manifesté et du non-manifesté, le Régent cosmique, et il possède les pouvoirs d'omnipotence, d'omniprésence et d'omniscience. Cf. Bhagavan.
3 Akasha : « qui n'est pas visible » - L'espace, l'éther, le ciel cosmique. Le milieu spirituel dans lequel la manifestation se déploie. Principe de la matière ultra-subtile qui est le substrat de l’univers, qui sous-tend, soutient et pénètre tout. C'est le plus subtil des cinq éléments-racines (bhuta), dont la vibration donne naissance au son (shabda), puis à la parole et à l'audition; c'est à partir de ses multiples combinaisons avec les autres éléments-racines que toute la Création a opéré, en utilisant ce véhicule de la Vie et du Son primordial qu'est l'éther;. Cf. bhuta et les 36 tattvas.
4 Rishis : "Voyant" - 1) Sage de l’ancien temps, à qui a été révélée la Shruti. Au nombre de 7, ils sont considérés comme les fondateurs de l’ordre social et de la religion. Ce sont les sages Vaikhanasa, Vishvamitra, Vasistha, Angiras, Atharvan, Atri et Atharvangiras; 2) sage qui se maintient face à la Vérité, donc toujours inspiré par la sagesse de Brahman.
5 Pitris : « ancêtres ». Les Pères, les mânes, qui ont vécu avant nous et sont passés dans l'au-delà, sur des plans spirituels.

             4. Dans le coeur, vivent les Dévas; dans le coeur, les cinq pranas (cf. shloka 2) sont enracinés; dans le coeur, se trouve le prana et la Lumière suprêmes, en tant que Cause immanente, avec les triples constituants, Gunas (1) et le principe de Mahat (2).

1 Gunas : Qualités, attributs ou caractéristiques de l’énergie universelle, au nombre de 3, dont la combinaison crée les divers éléments d’où procède la nature multiforme. Ces 3 qualités ou modes d'être sont inhérents à l'univers phénoménal, et déterminent les caractéristiques propres à chaque créature (animée ou inanimée) : Sattva, ou la qualité du bien, de lumière, pureté et calme; Rajas, ou la qualité d'activité, convoitise, passion et agitation; Tamas, ou la qualité de ténèbres, inertie, illusion et ignorance.
2 Mahat : 1) le premier-né; le germe originel non évolué du principe créateur d’où sont issus tous les phénomènes du monde matériel; 2) l’Intelligence cosmique, selon le Samkhya, à distinguer de manas; le 2ème des 25 éléments ou tattvas dénombrés par le Samkhya; 3) synonyme de Hiranyagarbha, selon le Védanta.

             5. Ils se trouvent à l'intérieur du coeur, c'est-à-dire dans la conscience. « Revêts le cordon sacrificiel (1) qui est suprêmement sacré, qui apparut aux temps d'autrefois avec Prajapati (le premier être qui fut créé), qui confère longévité, excellence et pureté, et puisse-t-il devenir ta force et ta puissance ! »

1 Yajnopavita : le cordon sacré, marque distinctive des brahmanes (qui se consacrent exclusivement à l'étude des Védas) et des ascètes (sannyasin), est donné lors d'une cérémonie d'initiation qui marque l'entrée dans la voie vers Brahman.

             6. Celui qui est illuminé doit se débarrasser du cordon matériel, l'abandonnant ainsi que la touffe sur le crâne; c'est dorénavant le Brahman suprême, omnipénétrant, qui est le cordon, et c'est Lui qu'il doit revêtir.

             7. Le Sutra (1) est ainsi appelé parce qu'il a accompli la percée primordiale et initié le processus de la manifestation. En vérité, ce Sutra constitue l'état suprême. Quiconque connaît ce Sutra, devient un Illuminé (2), il est passé au-delà des Védas.

1 Sutra : 1) le fil qui relie les perles d’un collier; 2) l’aphorisme; par extension, un recueil de vers didactiques, qui fut la base de la transmission orale, largement adopté en philosophie, mais aussi en droit, grammaire, médecine, poésie, astronomie, etc.; 3) métaphore brahmanique, représentant le fil qui relie Brahma aux mondes créés; le sutra symbolise alors la Cause de la manifestation.
2 Vipra : un Illuminé, ayant parfaitement réalisé la Connaissance suprême; un sage.

             8. Par ce Sutra, cet univers entier est arrimé, comme une collection de pierres précieuses est enfilée en collier sur un fil.

             9. S'étant établi en état de Yoga supérieur, le sage doit abandonner le cordon extérieur (matériel). Celui qui est réellement Soi-conscient doit revêtir le cordon que constitue la connaissance sensible (1) de Brahman.

1 Je traduis awareness par connaissance sensible, pour bien la distinguer de knowledge, la connaissance intellectuelle, la réalisation mentale. En fait, c'est l'éveil à la perception directe, la prise de conscience.

             10. Parce qu'ils portent ce Sutra, ils ne peuvent plus ni être contaminés ni souillés, eux qui ont ce cordon vivant à l'intérieur d'eux-mêmes – eux qui possèdent ce cordon sacrificiel de la connaissance.

             11. Parmi les humains, connaissent authentiquement ce Sutra et portent authentiquement le cordon sacrificiel en leur essence intime, ceux qui se sont consacrés à Jnana, la connaissance supérieure (1), ceux pour qui Jnana est la touffe sacrée au sommet de leur crâne et le cordon sacré.

1 Jnana : « connaissance, sagesse » – Connaissance véritable de la nature propre de l'Être, par expérience directe de son identité avec Brahman, sur laquelle se fonde la notion de Sagesse, laquelle distingue entre le Réel et l'irréel. C'est aussi, dans un sens plus large, la Connaissance suprême, dérivée de la méditation sur les vérités les plus hautes de la religion et de la philosophie, qui apporte à l’homme la compréhension de sa propre nature.

             12. Pour ces humains, Jnana est le plus grand purificateur – Jnana, l'excellence en soi. Ceux qui portent Jnana en guise de touffe sacrée, ne s'en distinguent pas plus que le feu ne se distingue de la flamme. C'est à juste titre que le sage est appelé Sikkhi (porteur de la touffe sacrée), tandis que les autres se contentent de laisser pousser leurs cheveux à cet endroit.

             13. Ceux qui appartiennent aux trois castes habilitées à accomplir les rites védiques (1), sont appelés à porter un cordon sacré ordinaire, puisque celui-ci est réglementaire dans le cadre de telles cérémonies.

1 Les Brahmanes (caste sacerdotale, enseignant les Védas), les Kshatriyas (gouvernement et militaires) et les Vaisyas (commerçants, artisans).

             14. Chez celui qui possède Jnana en guise de touffe et de cordon sacré, tout en sa personne est caractérisé par la distinction de l'état de Brahman – aussi reconnais toi-même les connaisseurs authentiques des Védas !

             15. Ce cordon sacré tissé en yajna (1) est en soi une purification, et l'étape ultime des oeuvres rituelles. Aussi celui qui porte en lui ce cordon sacré est le sage – est lui-même le Maître des oeuvres en personne, le connaisseur du cérémonial védique.

1 Yajna : sacrifice; rite consacré aux dieux, rituels et cérémonies religieuses; le Maître des Oeuvres sacrées.
Dans l'Inde contemporaine, le puja, plus simple et plus rapide, a largement remplacé le yajna, solennel et complexe.

             16. Le Seigneur unique, auto-luminescent, se tenant occulté en toutes les créatures, omnipénétrant, contrôlant et restant attentif à toutes leurs oeuvres, positives ou négatives, vivant en chaque créature dont il est le Témoin (c-à-d. qu'Il n'est ni l'auteur des actes, ni le jouisseur des plaisirs), la suprême Intelligence, l'Un sans second, dénué de tout attribut,

             17. L'Être unique à l'Intelligence active parmi la foule des créatures inactives, Lui qui crée les multitudes à partir de l'Un – tel est le Soi, et ceux qui Le trouvent possèdent la paix éternelle, et non les autres.

             18. Fais donc de ton être l'arani (1), et du Pranava (le OM) l'arani supérieur, et frotte-les l'un contre l'autre par la pratique assidue de la méditation, et tu verras le Seigneur dans Sa réalité occulte.

1 Arani : « Matrices » du feu sacrificiel: les morceaux de bois dont le frottement fait jaillir l’étincelle.

             19. Telle l'huile dans la graine de sésame, le beurre dans la crème, l'eau dans les vagues, et le feu dans le bois Shami (1), ainsi l'Atman est à l'intérieur du soi et doit être extrait par celui qui Le cherche au moyen d'une pratique sincère et austère (2).

1 Nom du bois à feu.
2 Notre notion contemporaine de « l'austérité » est à revoir dans le contexte présent : ici, il s'agit d'une détermination intense, qui se détourne de tout ce qui est étranger à son but, ou alors qui fait feu de tout bois pour alimenter l'énergie de son entreprise. Il s'agit bien plutôt de ce que nous appellerions une « passion dominante», un engagement total. Le mot tapas (austérité, pratique intense) est dérivé de la racine Tap : 1) brûler, flamboyer, briller; 2) être consumé par la chaleur; 3) endurer des souffrances.

             20. De même que l'araignée sécrète sa toile puis la retire en elle, de même le jiva (cf. shloka 2) s'extériorise puis se retire, dans les états de veille et de rêve, respectivement.

             21. Le sanctuaire du coeur ressemble au calice du lotus, plein de cavités, mais aussi tournant sa face vers la Lumière supérieure. Sache qu'il est le réceptacle de l'univers en son entier.

             22. Sache également que l'état de veille a son centre dans les yeux; l'état de rêve, dans la gorge; l'état de sommeil profond, dans le coeur; et l'état transcendantal, au sommet du crâne.

             23. Dès lors qu'un individu, au moyen de Prajna (1) et de la compréhension spirituelle, maintient son soi dans le Soi suprême, il se produit ce que nous appelons sandhya (2) et dhyana (3), et aussi le culte associé à sandhya.

1 Prajna : 1) l'intelligence toute-inclusive, la parfaite sagesse; 2) par extension, le Soi tel qu'expérimenté dans le sommeil profond (sushupti); 3) la maîtrise de la Sagesse et de la Connaissance.
2 Sandhya : 1) heure crépusculaire; 2) rite des 2 crépuscules (aube et fin de jour), pratiqué comme jonction entre jour et nuit, où la récitation du Gayatri Mantra est requis. La jonction de midi est parfois considéré comme un “crépuscule”.
3 Dhyana : 1) méditation profonde caractérisée par une concentration intense et longuement maintenue sur une pensée, une vision ou une connaissance ; 2) contemplation, avant-dernière étape du Raja Yoga, précédant le samadhi.

             24. Le sandhya atteint par la méditation se passe de toute offrande (de boissons) comme de tout effort physique ou verbal; il est le principe de jonction pour toutes les créatures, et comme tel, il est l'authentique jonction pour les ascètes (1).

1 Ekadandi : Celui qui ne possède qu'un seul bâton, l'ascète (sannyasin).

             25. A partir de là, incapable de L'atteindre, la parole reste à la traîne de l'esprit, car celui-ci est entré dans la Félicité transcendantale, à partir de l'individu incarné. Sachant cela, l'homme sage est libéré de toute servitude.

             26. Cette Félicité, c'est en vérité le Soi qui infuse l'univers tout entier, tel le beurre déjà contenu dans le lait.

             Telle est la Brahmopanishad ou suprême sagesse de Brahman, laquelle apparaît sous la forme d'une union avec l'Atman universel, fondée sur une intense discipline spirituelle, qui n'est autre que Vidya, la science de l'Atman.

Om ! Puisse-t-Il nous protéger tous deux; Puisse-t-Il nous nourrir tous deux;
Puissions-nous travailler conjointement avec une grande énergie,
Que notre étude soit vigoureuse et porte fruit;
Que nous ne nous disputions pas, et que nous ne haïssions personne.

Om ! Que la Paix soit en moi !
Que la Paix gagne mon environnement !
Que la Paix soit en les forces qui agissent sur moi !

 

Ici se termine la Brahmopanishad, appartenant au Krishna Yajur Véda.

 

 
 

                                                                                                                                                                                                
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