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Visite nocturne à un ermitage d'ascètes shivaïtes.

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Brihadaranyaka Upanishad

Upanishad du Grand Traité de la vie en forêt

 

           Dixième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Shukla Yajur Véda et classée comme Upanishad majeure.

           L'Aranyaka est un traité religieux à l'usage des renonçants, édictant les règles de la vie en forêt, mettant l'accent sur les significations spirituelles et la discipline intérieure. Prolongement des Brahmanas, les “traités des étendues sauvages”, “d'où l'on ne peut apercevoir les toits des habitations” (Taittiriya Aryanaka), explorent les techniques appropriées et les significations secrètes de rituels réputés dangereux; c'est tardivement qu'ils prendront le sens de “traités de la vie en forêt pour les renonçants (sannyasin)”. Ils représentent un saut vers la subtilité philosophique et l'abstraction métaphysique, et pour certains ils représentent le “Rahasya Brahmana”, le Brahmana des secrets. Ils ne forment pas un corpus absolument séparé, parfois ils incluent des Upanishads, parfois ils sont partie intégrante d'un Brahmana.
           Voici l'une des plus anciennes Upanishads, qui dresse un portrait grandeur nature du Brahman : universel, indifférencié, pure conscience absolue. Le fameux 'Neti, Neti', ni ceci ni cela, y apparaît comme la seule formule apte à transmettre l'essence ineffable et absolue de l'absolu Brahman ! Enfin – pas inutile du tout – les trois vertus indispensables : discipline pour soi, charité et compassion pour autrui. Mais c'est là réduire abusivement une œuvre d'une telle ampleur, présentant un tel foisonnement de thèmes se recoupant inlassablement.
           On dit que « ce qui ne se trouve pas dans la Brihadaranyaka ne se trouve nulle part ailleurs, et inversement, ce qu'on trouve ailleurs se trouve aussi dans la Brihadaranyaka. » Ce doit être vrai, tant ce texte est riche, approfondissant le raisonnement philosophique dans un contexte de situations anecdotiques variées. On peut le voir comme une sorte de labyrinthe de quête du sens, avec questions et réponses ponctuelles, où le lecteur se perd rapidement. Un index s'imposait donc, qui facilitera les recherches ultérieures.
           Il faut ajouter qu'au plan littéraire, c'est une œuvre accomplie, étonnamment alerte, habile à relancer perpétuellement la curiosité et la soif de connaissance... la méthode didactique de la spirale y déploie ses meilleurs effets : les répétitions, si elles peuvent lasser de prime abord, révèlent vite qu'elles sont la voie sûre pour approfondir tout en consolidant les notions déjà vues. D'un brahmana à l'autre, c'est aussi une galerie de portraits, parfois hauts en couleur, bien contrastés, qui nous donne une approche quasi cinématographique des assemblées de discussions philosophiques. Le fameux Yajnavalkya, sage parmi les sages, 3000 ans plus tard, continue de dégager une présence puissante, et nous met littéralement dans sa poche... étonnant !
           Il faut absolument lire cette fascinante Upanishad, et si on n'en lit qu'une, ce doit être celle-ci. Une chose est sûre : après lecture, notre notion du “texte spirituel” en ressort rénovée, et de façon salutaire !

              Cette Upanishad, réputée complexe, au sens souvent peu apparent, demande des commentaires à de nombreux endroits. J'ai choisi d'y intercaler – aussi souvent que la clarté et la plénitude du sens l'exigeaient – des extraits du commentaire très approfondi qu'en a donné Swami Krishnananda : The Brihadaranyaka Upanishad by Swami Krishnananda, dont la version PDF est disponible sur http://www.swami-krishnananda.org/books_3a.html. J'ajoute que Swami Krishnananda fut un fin connaisseur de la philosophie occidentale, et que sa méthode herméneutique s'appuie sur ses études en philosophie comparée.

 

 

SOMMAIRE


Madhu Kanda - Section du Miel

Chapitre Un

Brahmana I – Instruction I : Méditation sur le sacrifice du Cheval
Brahmana II : Le processus de la Création 
Brahmana III : Le Prana: ses vertus et son pouvoir purificateur 
Brahmana IV : La Création et ses causes 
Brahmana V : Les manifestations de Prajapati 
Brahmana VI : Les trois aspects de l'univers

Chapitre Deux

Brahmana I : Les aspects relatifs de Brahman 
Brahmana II : Description du Prana 
Brahmana III : Les deux formes de Brahman
Brahmana IV : Yajnavalkya et Maitreyi (1) 
Brahmana V : Madhu Vidya – La doctrine de miel, ou l'interdépendance des objets créés
Brahmana VI : La lignée des Instructeurs


Yajnavalkya Kanda - Section sur Yajnavalkya

Chapitre Trois

Brahmana I : Yajnavalkya et Asvala 
Brahmana II : Yajnavalkya et Artabhaga 
Brahmana III : Yajnavalkya et Bhujyu 
Brahmana IV : Yajnavalkya et Ushasta 
Brahmana V : Yajnavalkya et Kahola
Brahmana VI : Yajnavalkya et Gargi (1) 
Brahmana VII : Yajnavalkya et Uddalaka
Brahmana VIII : Yajnavalkya et Gargi (2) 
Brahmana IX : Yajnavalkya et Vidagdha 

Chapitre Quatre

Brahmana I : Définitions partielles de Brahman 
Brahmana II : Concernant le Soi 
Brahmana III : Investigation sur les trois états
Brahmana IV : La Mort et l'au-delà 
Brahmana V : Yajnavalkya et Maitreyi (2) 
Brahmana VI : La lignée des Instructeurs  


Khila Kanda - Section des Annexes

Chapitre Cinq 

Brahmana I : Infinité de Brahman 
Brahmana II : Les trois disciplines fondamentales
Brahmana III : Brahman comme cœur
Brahmana IV : Méditation sur Satya Brahman 
Brahmana V : Louange de Satya Brahman 
Brahmana VI : Méditation sur Brahman comme mental 
Brahmana VII : Méditation sur Brahman comme éclair
Brahmana VIII : Méditation sur les Védas comme Vache
Brahmana IX : Méditation sur le feu Vaishvanara
Brahmana X : Le sentier de l'âme décédée
Brahmana XI : Les ascèses suprêmes
Brahmana XII : Méditation sur la nourriture et le Prana comme Brahman
Brahmana XIII : Méditations sur le Prana
Brahmana XIV : La Gayatri sacrée
Brahmana XV : Prière du mourant

Chapitre Six

Brahmana I : Suprématie du Prana 
Brahmana II : Le processus de la renaissance
Brahmana III : Rites pour l'acquisition de richesses
Brahmana IV : Conception et naissance comme rites religieux
Brahmana V : La lignée des Instructeurs  

Fin de la Brihadaranyaka Upanishad 

 

Om ! Cela est plénitude, ceci est plénitude;
De la plénitude, naît la plénitude.
Quand la plénitude est extraite de la plénitude,
Ce qui reste est plénitude, indéniablement.

Om ! Que la paix soit en moi !
Que la paix gagne mon environnement !
Que la paix soit en les forces qui agissent sur moi !

 

Madhu Kanda - Section du Miel


CHAPITRE UN


Brahmana I – Instruction I : Méditation sur le sacrifice du Cheval*

* Ashvamedha : « sacrifice du cheval », cérémonie védique pour favoriser la conquête d'un empire d'une taille équivalant à la superficie tracée par un cheval en une année. L'injonction de l'Upanishad est de passer du sacrifice physique au sacrifice métaphysique, et d'en faire un symbole de méditation cosmique, dans laquelle le cheval symbolise l'univers; son démembrement sacrificiel permet de découvrir l'harmonie sous-jacente aux divers schémas structurels soutenant l'univers et assurant la synergie des multiples forces qui le constituent.

I-i-1: Om ! La tête du cheval sacrificiel est l'aube, son œil est le soleil, son énergie vitale (prana) est l'air, sa gueule ouverte est le feu omnipénétrant (Vaishvanara), et son poitrail est l'année. Son échine est le paradis, son ventre le ciel, ses sabots la terre, ses flancs les quatre directions, ses côtes les quartiers intermédiaires, ses membres les saisons, ses jointures les mois et les quinzaines, ses paturons les jours et les nuits, ses os les étoiles, et sa chair les nuées. Son bol alimentaire est le sable, ses vaisseaux sanguins les rivières, son foie et sa rate les montagnes, sa crinière les herbes et les arbres. De la tête au garrot, il est le soleil ascendant, des reins à la croupe, il est le soleil déclinant; il ouvre grand la gueule, c'est l'éclair, il s'ébroue, c'est le tonnerre, il urine, c'est la pluie, il hennit, c'est la voix et la parole.

I-i-2: La coupe d'or nommée Mahiman* que l'on présente face au cheval sacrificiel en l'orientant vers lui, c'est le jour. Sa source est la mer orientale. La coupe d'argent Mahiman que l'on place derrière le cheval, également orientée vers lui, est la nuit. Sa source est la mer occidentale. Puis ces deux coupes Mahiman sont placées de part et d'autre du cheval, toujours orientées vers lui. Le pur-sang est la monture des dieux; l'étalon, celle des musiciens célestes (Gandharvas); le coursier, celle des démons (Asuras); et le cheval, celle des hommes. L'océan, qui est le Soi suprême (Atman), est l'étable du cheval sacrificiel, ainsi que sa source.

1 Mahiman : grandeur, majesté; 2) nom d'une coupe sacrificielle, d'or et/ou d'argent

 

Brahmana II : Le processus de la Création 

I-ii-1: Au temps des origines, il n'existait absolument rien dans l'univers, de quel-que sorte que ce soit. L'univers était recouvert par la Mort, Mritiyu, ou disons par la faim, puisque la faim est l'attribut de cette mort dévorante. Ce principe de faim et de mort créa le mental (Manas) avec la pensée « Il faut que je possède un mental ! ». Puis il se mit à arpenter le vide, en adoration de lui-même. Durant son rite d'adoration, de l'eau surgit de lui. Il prit conscience du fait : « Pendant mon adoration, l'eau a jailli ! » C'est pourquoi l'on appela Arka* le feu consacré du sacrifice du Cheval. Assurément, l'eau (ou le bonheur) vient à qui sait la façon dont ce feu sacrificiel reçut le nom d'Arka.**

* Arka : 1) rayon de soleil, éclair; feu; 2) le nombre 12; 3) hymne; notamment chant de louange associé à l'Ashvamedha, le sacrifice védique du Cheval.
* Le sens de ce verset est particulièrement dur à déchiffrer, de l'avis même des plus célèbres commentateurs, Shankara, Swami Nikhilananda, Swami Krishnanda. Ce dernier ouvre néanmoins l'énigme vers une plus ample saisie : « Il y eut une destruction, une Mritiyu, complète abolition de la Réalité, qui est ce que le Samkhya appelle Prakriti [la Nature comme pouvoir-shakti de la Divinité], les Védantins Maya [le pouvoir de l'Illusion cosmique], Mula-Prakriti [la Nature originelle], etc., c'est-à-dire l'Être virtuel, la matrice de l'univers. Et c'est cela qui devint la semence de la manifestation du Mental cosmique, connu comme Mahat [le Mental universel] et Ahamkara [le sens du moi] au plan cosmique. Le Védanta les nomme Hiranyagarbha [l'Embryon d'or] et Virat [le Soi universel, le Macrocosme]. » Ou encore : « La condition originelle, qui fut cause de la manifestation de la diversité, est de ce fait la mort de l'universalité. C'est cela que désigne le terme Mritiyu. La mort d'un état devient la naissance d'un autre état. » (The Brihadaranyaka Upanishad by Swami Krishnananda, p. 37 et 29)

I-ii-2: L'eau en vérité est Arka. L'écume qui était apparue à la surface de l'eau se solidifia et devint cette terre. Après cette création, Hiranyagarbha, l'Embryon d'or, se sentit las. De sa fatigue et de sa sueur, émana son essence, qui brillait. C'était le feu. *

* Ce feu cosmique est Viraj, et selon la lecture de Swami Krishnananda (S.K.), le processus de création est désormais repris par lui. Cf. shloka suivant, définition de Viraj-Virat.

I-ii-3: Viraj* se différencia en une triple manifestation**, créant (en plus du feu) le soleil et l'air, chacun pour un tiers. Ainsi, cette énergie vitale (prana) de Viraj s'est divisée en une triplicité. Sa tête est l'est, ses bras le nord-est et le sud-est; son postérieur est l'ouest, ses hanches pointent l'une vers le nord-ouest, l'autre vers le sud-ouest, ses flancs sont le sud et le nord, son dos le paradis, son ventre le ciel, et sa poitrine est cette terre. Il repose sur l'eau. Quiconque possède cette connaissance se tient fermement établi partout où il va.

*Viraj ou Virat : 1) roi prince, souverain; 2) la Puissance créatrice ou Nourriture divine; le corps de la Totalité, l'Être Cosmique, le Macrocosme. Également, le Masculin, puissance créatrice conceptuelle de l'univers, en contraste au Féminin, puissance créatrice et matérialisante (cf. Bhagavati, Ishvari). La Totalité, forme cosmique du Soi, est cause du monde matériel; l'Esprit universel omniprésent prend la forme de l'Univers, il est le Voyant et le Créateur des formes matérielles. Cf. Ishvara, Hiranyagarbha; ces 3 termes désignent les divers états de la Manifestation (cause et effets compris); l’univers, le Macrocosme. 3) un mètre védique (prosodie).
** Selon S.K., « Ici, Prana représente le Prana cosmique, Hiranyabarbha ou Virat. Il assuma une forme triple – le transcendant (Adhidaiva), l'objectif (Adhibhuta) et le subjectif (Adhyatma). » Réaffirmant l'unité des choses créées en dépit de la triple partition, l'Upanishad procède à une « comparaison de cette triade avec le cheval sacrificiel de l'Ashvamedha, et aussi en évoquant une forme particulière, celle que prend l'aire sacrificielle de l'Ashvamedha, c'est-à-dire la forme d'un oiseau... Ici, c'est l'oiseau qui est décrit, mais aussi, peut-on dire, le cheval lui-même. » (op. cit., p. 36)

I-ii-4: Il délibéra, et le désir suivant lui vint : « Il me faut maintenant une seconde âme (Atman) » Alors lui, la mort ou la faim, réalisa l'union de la parole et du mental. Ce qui était semence devint l'année. Auparavant il n'y avait jamais eu d'année. Lui, la mort, affermit de son soutien cette année, et cela durant le laps de temps qui détermina la longueur de l'année, puis il la lança dans l'existence. Lorsque naquit l'année, la mort ouvrit sa gueule pour la dévorer. Tel un enfant, l'année cria : Bhan ! Ce cri devint la parole*.

* Selon S.K., « Ici le mot Mritiyu, Mort, est repris afin de suggérer que la Création est une “altération” de la Divinité, une aliénation, un sacrifice, que l'on appelle parfois le “Sacrifice cosmique”. L'Absolu se transforme en quelque chose d'autre que Lui-même, afin que puisse apparaître l'univers. » (op. cit., p. 39)

I-ii-5: Il pensa : « Si je la tuais, cela me ferait bien peu de nourriture ! » ll reprit donc l'union de la parole et du mental, et à partir d'eux il projeta tout ceci, jusqu'à la moindre des choses qui existent – les Rig, Yajur et Sama Védas, les mètres prosodiques, les sacrifices, les humains et les animaux. Mais tout ce qu'il projetait, il décidait de le manger. Il dévora (ad) toute chose, aussi l'Étendue primordiale fut-elle appelée Aditi. Qui sait comment Aditi reçut son nom devient celui qui se nourrit de tout ceci, pour qui toute chose est nourriture.

I-ii-6: Il désira : « Que je sacrifie de nouveau, avec le grand sacrifice ! » Il était las, et il entreprit une ascèse. Ce faisant, de sa fatigue et de sa sueur s'échappèrent sa renommée ainsi que sa vigueur. Ainsi furent créés les souffles vitaux (pranas), qui sont renommée et vigueur. À la sortie de ces souffles, son corps se mit à enfler mais son mental resta bien arrimé à son corps.

I-ii-7: Il désira : « Que ce corps qui est mien soit apte à un sacrifice, et que je trouve ainsi un nouveau corps ! » Et il pénétra dans ce nouveau corps. Ce corps se mit à enfler (asvat) tel un cheval, de ce fait on l'appela cheval (ashva). Et du fait que ce corps devint apte à un sacrifice, ce grand sacrifice fut appelé Ashvamedha, sacrifice du Cheval. Qui possède cette connaissance en vérité possède le sens secret du sacrifice du Cheval*. Prajapati, le Créateur, désirant pratiquer de nouveau le grand sacrifice, s'imagina comme étant lui-même le cheval; il le laissa donc en liberté et se mit à délibérer en le contemplant. Au bout d'une année pleine, il sacrifia le cheval en son propre honneur, envoyant les autres animaux aux dieux. C'est pour cette raison qu'à ce jour encore les prêtres sacrifient à Prajapati le cheval sanctifié, après l'avoir dédié à toutes les divinités. En vérité, le soleil qui brille au loin est l'Ashvamedha; son corps est l'année. Et ce feu d'ici-bas est l'Arka; ses membres sont tous ces mondes. Ainsi ces deux, soleil et feu, sont l'Arka et l'Ashvamedha. Et ces deux redeviennent le même dieu, Mritiyu, la mort. Qui possède cette connaissance en vérité conquiert et dompte la mort, elle ne peut plus s'abattre sur lui, elle est devenue son propre Atman et il ne fait plus qu'un avec ces divinités.

* Selon S.K., le cheval symbolise l'univers, second corps du Créateur. « Ainsi, qui connaît le secret du sacrifice de l'Ashvamedha, le début et la fin du processus de cet Ashvamedha, et comment le cheval vint à l'existence – ce qui revient à dire comment la création se manifesta – qui connaît la présence de l'éternelle Réalité en tout acte et tout procédé de la Volonté créatrice, devient lui-même l'Âme (l'Atman) du processus de la Création. » (op. cit., p. 45)

           . . .

Brahmana VI : Les trois aspects de l'univers

I-vi-1: En vérité, cet univers consiste en une triade : nama, le nom; rupa, la forme ; karma, l'action. Tous les noms (nama) d'usage courant, tous les hymnes (Uktham) ont leur source (ut-stha) dans la parole, et c'est par cette source qu'émergent tous les noms. C'est là leur point commun (Saman), car cette source est commune (sama) à tous les noms. Cette source est leur Brahman, leur identité essentielle, car c'est elle qui soutient tous les noms.

* « Ici, Sama signifie force d'égalisation. Ce qui est le dénominateur commun derrière toute forme d'expression est Sama, et telle [sama : égale, identique] est la parole dans sa nature essentielle; cette parole fondamentale est égale pour toutes les langues et toutes les formes d'expression. La parole est Brahman lui-même, car elle soutient – en une forme universelle, peut-on dire – chaque type d'expression verbale et de manifestation linguistique. » (op. cit., p. 362)

I-vi-2: Toutes les formes (rupa) ont leur source dans l'organe de la vision, et c'est par l'œil qu'elles émergent toutes. L'organe de la vision est leur point commun, car il est commun à toutes les formes. L'organe de la vision est leur Brahman, leur identité essentielle, car c'est lui qui soutient toutes les formes.

I-vi-3: Et toutes les actions (karma) ont leur source dans le corps, et c'est par le corps qu'elles émergent toutes. Le corps est leur point commun, car il est commun à toutes les actions. Le corps est leur Brahman, leur identité essentielle, car c'est lui qui soutient toutes les actions.
Cette triade est en fait une unité – ce corps-ci; et tout corps, bien qu'un, est en fait ces trois-là : nom, forme, action. Cette entité immortelle, le Prana, est recouvert par la vérité transitoire du nom et de la forme. Mais c'est bien l'énergie vitale qui est l'entité immortelle en nous, dotée transitoirement d'un nom et d'une forme qui lui donnent sa réalité (ici-bas), tout en recouvrant cette entité immortelle d'un voile.*

* « L'Être cosmique, nommé Prana dans le contexte présent, est immortel; Il est l'océan de toutes les possibilités de nom, de forme et d'action, tandis que ce que nous appelons le nom et la forme (selon notre point de vue ordinaire), les choses visibles et leurs transformations possible, ne sont tous que temporairement réels. Ils sont Nama-Rupa, noms et formes; ils sont Satya, ou vérité, mais seulement pour le temps présent – pas pour l'éternité. La Réalité éternelle est Amrita-Prana, Force vitale immortelle. Cet Être suprême est recouvert et voilé par Nama-Rupa Prapancha – le monde des noms et des formes. Et nous sommes incapables de voir l'océan à cause des vagues battant à sa surface. Nous voyons uniquement le mouvement des vagues. Le substrat fondamental n'est plus visible, à cause de l'activité de surface. Il y a un substrat derrière tout nom, toute forme, et tout acte. Si l'on pouvait le découvrir et s'y raccorder, on deviendrait instantanément immortel, se libérant des griffes des naissances et des morts, lesquelles sont les caractéristiques de tout ce qui vit sous un nom et une forme particularisées. Telles sont la philosophie et le conseil que nous donne l'Upanishad dans la conclusion de ce premier chapitre. » (op. cit., p. 364)


        . . . (Upanishad de 80 pages).

 

 

                                                                                                                                                                                                
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