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Chagaleya Upanishad

Upanishad du Sage Chagaleya


Traduite et annotée par M. Buttex
D'après la version de Paul Deussen,
reprise par les Prof. V.M. Bedekar et G.B. Palsule

 

Notes préliminaires : Cette Upanishad fait partie du groupe qui avait été traduit en persan au cours du 17ème siècle. L'original sanskrit figure dans l'édition Adyar, mais avec quelques lacunes qui ont pu être reconstituées grâce à la traduction persane. Il est difficile de la dater. Quant à ces étranges personnages « qui vivent comme des enfants » dans la forêt mythique de Naimisha, sont-ils des basses castes ou des Valakhilyas ? La première hypothèse renforcerait le message qu'entend faire passer ce texte : Qu'est-ce qui constitue le brahmane réel ? Car le concept strict de caste entraîne une séparativité excessive, odieuse. Naître dans la caste des Brahmanes n'est pas essentiel, car l'essence de l'Être ne se trouve pas dans le corps mais dans l'âme, l'Atman.
              VALAKHILYAS : “amas de poils” - Race de sages (Rishis) de taille naine, engendrés par les cheveux de Prajapati, le Créateur, tandis qu'il pratiquait son ascèse initiale à la création des êtres vivants; il y en eut 60.000, dit-on, que l'on peut voir entourant le char de Surya, le Soleil.

 

              Un jour, les anciens Sages (Rishis) accomplissaient un sacrifice sur les berges de la rivière Sarasvati. Parmi eux vint s'asseoir un brahmane, à propos de qui les Sages se dirent : « Nous devons l'exclure, car sa mère est une servante et c'est contraire à la règle qu'une telle personne soit présente lors d'un sacrifice. » Sur ce, le brahmane rétorqua : « Ô vénérables sacrificateurs et connaisseurs du Véda, quelle est donc cette grandeur qui est en vous et qui est supposée me faire défaut ? » — « Notre grandeur consiste en ce que nous sommes nés dans la caste des brahmanes. » — « Et quel est ce brahmane en vous qui est supposé me faire défaut ? » — « Celui qui est né dans une famille de brahmanes et accomplit les tâches d'un brahmane, celles-là même qui sont prescrites par les Védas, est un brahmane. »
              Alors le brahmane inconnu leur désigna un cadavre qui gisait sur la berge, et leur demanda : « Même celui-ci, qui est mort et gît sur la terre, est un brahmane et il a accompli toutes les tâches prescrites par les Védas; pourquoi donc n'appelez-vous pas ce cadavre un brahmane ? Si vous considérez le corps comme étant le brahmane, alors vous devez aussi considérer celui-ci comme un brahmane. Car les actes accomplis n'ont pas déserté le corps. » Les Sages lui répondirent : « Nous ne savons pas exactement ce qui l'a déserté, et après le départ duquel nous ne l'appelons plus un brahmane. » — « Il y avait un lieu sacré dans la forêt de Naimisha
(1) où les brahmanes accomplissaient leurs sacrifices. Ce mort-ci était – à l'époque de ces sacrifices – l'un même de ces brahmanes, il possédait toute les connaissances requises et accomplissaient toutes les tâches prescrites. Qu'est-il donc advenu de ce savoir qu'il possédait ? » Ces paroles plongèrent les brahmanes dans la perplexité, ils décidèrent de se présenter à cet homme en tant que disciples, et lui dirent : « Nous l'ignorons ! Accepte-nous comme tes disciples, et enseigne-nous ! » Mais l'inconnu eut un sourire : « Mais c'est sûrement contraire à la règle qu'un inférieur puisse avoir de si nobles personnes, et d'une telle grandeur, pour disciples ! » — « Puisque c'est le cas, alors ne nous prends pas comme disciples, mais conseille-nous un endroit où nous pourrions aller [nous perfectionner]. » — « Ceux qui vivent comme des enfants se sont assemblés au Kurukshetra (2). Levez-vous et allez les trouver ! Ils vous apprendront la vérité à ce sujet. »

1 Naimisha : forêt mythique où vivent des renonçants et des dieux, où furent racontées pour la première fois des œuvres monumentales : le Bhagavata Purana par le Sage Suta, et le Mahabharata par Shaunti.
2 Kurukshetra : « le champ de bataille » - Nom d’une grande plaine près de Delhi où se déroula la bataille entre les Kauravas et les Pandavas, relatée dans le Mahabharata. Considérée depuis lors comme un lieu sacré, on l'appelle aussi le dharmakshetra, « le champ du dharma » et lieu de sacrifice (le dharma n'est-il pas un sacrifice ? C'est bien ce qu'enseigne Krishna à Arjuna, dans la fameuse Bhagavad Gita). L'esprit humain est comparé à ce champ de bataille où s’affrontent les pouvoirs du mal et du bien, l’intérêt personnel et le devoir.

              Sur ces paroles, les Sages se levèrent et partirent en direction du Kurukshetra, vers ceux qui vivaient comme des enfants. À leur arrivée, ceux-ci leur demandèrent ce qu'ils voulaient : « Nous vivons comme des enfants. Pourquoi êtes-vous venus nous trouver, vous qui êtes grands, vieux et sages, et versés dans le Véda ? Ici aussi, il y a des gens semblables, grands, vieux et sages, versés dans le Véda et en possession de grandes richesses. Pourquoi n'allez-vous pas les trouver au lieu de vous adresser à nous ? » Entendant cela, les Sages restèrent perplexes. Ils échangèrent des regards, puis déclarèrent : « Celui qui nous a conseillé de vous approcher à la façon dont les disciples s'approchent des maîtres, nous a envoyés vers vous et, confiant en ses paroles, nous sommes venus vous trouver. » — « Dites donc ce que vous désirez de nous. » — « Lorsque les brahmanes de la forêt de Naimisha accomplirent un sacrifice, il se trouvait parmi eux un brahmane qui descendait d'Atri (3), qui possédait la connaissance entière et accomplissaient tous les rites. Or, après sa mort et une fois son corps détruit, qu'est-il advenu de sa connaissance ? » [Ceux qui vivaient comme des enfants] répondirent : « Une coutume nous a été léguée par nos ancêtres, celle de ne pas accepter pour disciple quiconque n'a pas été à notre service depuis déjà une année. Si vous consentez à vous établir ici pour une année, à notre service, nous pourrons ensuite discuter avec vous. »

3 l'un des sept Rishis fondateurs de la tradition.

              Donc, les Sages demeurèrent là toute une année, au service de ceux qui vivaient comme des enfants. Après quoi, ceux-ci les appelèrent : « Maintenant que vous avez passé une année à nous servir, nous pouvons discuter avec vous. » Ils les prirent par la main et les menèrent sur une route où passaient des chariots. Puis ils leur dirent : « Ô vous qui aimez la vérité, voyez-vous ceci ? » — « Mais quoi donc ? » — « Ce chariot. » Les Sages répondirent : « Certes, nous voyons un chariot, mais pourquoi voulez-vous que nous le regardions ? » — « Tandis que les chevaux attelés, telles les vagues de l'océan, s'élèvent et bondissent, le chariot s'élève et bondit semblablement. Où qu'aillent les chevaux, là va le chariot, menant les passagers à destination. C'est ainsi que cela se passe. » Les Sages acquiescèrent : « Oui, il en est bien ainsi, et tous voyagent dans le chariot jusqu'à ce qu'ils atteignent leur destination au soir. »
              Entendant ceci, le conducteur fit s'arrêter son chariot, en descendit et détela les chevaux. Ceux qui vivaient comme des enfants dirent alors aux Sages : « Regardez maintenant comment le chariot, tel un simple morceau de bois, reste immobile, sans aller ni courir ni même bouger. » Et ils ajoutèrent : « Qu'est-ce donc qui a quitté le chariot, de telle sorte qu'au lieu de courir, il se tienne immobile ? » — « Le conducteur l'a quitté », répondirent les Sages. Ceux qui vivaient comme des enfants continuèrent : « De même que vous voyez le chariot immobilisé depuis que le conducteur l'a quitté, de même, ô vous qui aimez la vérité, ce corps aussi demeure inerte après que l'âme (Jivatman) l'ait quitté. Car c'est l'âme qui meut le corps; les sens sont les chevaux du chariot, les tendons sont les cordes qui tiennent assemblées les pièces du chariot, les os sont les morceaux de bois, le sang est l'huile que l'on enduit pour que les roues tournent; de même, les rites sont la cravache avec laquelle on mène les chevaux, la parole est le fracas que fait le chariot, la peau est sa capote. Et tout comme le conducteur quitte le chariot, en résultat de quoi celui-ci reste immobile, ainsi l'âme quitte l'état de veille pour entrer dans l'état de rêve, puis quitte ce dernier pour entrer dans l'état de sommeil profond, lequel possède la nature de l'intelligence tout-inclusive (Prajna). Et lorsque l'âme quitte également cet état-là et se libère, le chariot qu'est ce corps se tient immobile et ne grince plus, et dégage une odeur nauséabonde : on n'y touche plus, et les chiens, les corbeaux, les vautours et les chacals viennent le déchiqueter. »

              C'est alors que les Sages comprirent ce qu'est la vérité, et que c'est l'âme dont le départ fait du corps un cadavre. Ils comprirent que le corps est inférieur et l'âme supérieure, que jamais on ne peut dire du corps qu'il est supérieur et de l'âme qu'elle est inférieure.
              Lorsque les Sages eurent bien saisi cette vérité, ils se prosternèrent aux pieds de ceux qui vivaient comme des enfants, leur déclarant : « En vérité, nous ne possédons rien de bon que nous pourrions vous offrir et qui ferait un cadeau équivalent à ce que vous nous avez enseigné. Devant vous nous nous tenons, les mains jointes en profond respect. »

              Le Sage Chagaleya a narré cette histoire, y ajoutant ces strophes du Véda :

              « Tout comme un chariot sans conducteur
              Ne court pas, ne fait aucun fracas, reste immobile,
              Ainsi devient le corps quand il est abandonné
              Par l'âme qui prend son départ.
              Et tout comme le harnachement du chariot
              Demeure vain sans un conducteur,
              Ainsi des organes du corps,
              Ils demeurent vains sans la présence de l'âme.

              Et même si pour un défunt
              Tous les siens peuvent se lamenter,
              Ce faisant, ils n'accomplissent malgré tout
              Rien qui soit utile au corps du défunt. »

 

 

                                                                                                                                                                                                
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