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Introduction aux Upanishads

Upa (près de)ni (en bas, aux pieds de)shad (s'asseoir)

 

UPANISHAD signifie « assis par terre aux pieds du Maître », pour écouter son enseignement... selon la coutume indienne, les jambes croisées, dans une posture très similaire à celle de la méditation.

Cet enseignement spirituel que nous livrent les Upanishads apparaît au IVe siècle av. J.C., délivré par les dieux eux-mêmes ou par le Brahman absolu en personne, aux sept Rishis (Voyants, Sages et pères fondateurs de la civilisation hindoue), lesquels vont continuer leur enseignement aux mortels juqu'au VIIe siècle ap. J.C.

Vingt-quatre siècles plus tard, on étudie encore les Upanishads et – est-ce vraiment si étonnant ? – elles rencontrent de plus en plus de succès, tant en Inde que dans le monde des "non-hindous".

À aucun moment, il ne faut perdre de vue la très haute antiquité des Upanishads: si les dates attribuées varient d'un orientaliste à un autre, on peut retenir avec certitude que la Brihadaranyaka et la Chandogya sont les plus anciennes, et que l'échelonnement des Upanishads sur onze siècles justifie leur très grande diversité littéraire, et explique un chevauchement de concepts philosophiques similaires sous un même terme (ou l'inverse : deux ou trois termes sanscrits pour le même concept). Mais – encore une fois, pourquoi serait-ce si étonnant ? – ce qui frappe le plus, au contraire, c'est l'extrême homogénéité de leur enseignement, et la mine de renseignements toujours riche en filons qu'elles ouvrent encore aujourd'hui au pratiquant de la méditation, au chercheur spirituel, à l'étudiant en spiritualité, en ésotérisme, ou même aux amateurs de textes mystiques.

Les Upanishads contiennent l'enseignement intérieur et mystique, donc réservé à ceux de ses élèves que le Maître estime aptes à le recevoir pour le mettre en pratique. Et dans l'ambiance originelle de la culture hindoue, c'est dans les forêts, à l'abri du tumulte du monde, que le Maître et ses disciples (Aranyakas : habitants de la forêt – et par extension, traités à leur usage) étudiaient la doctrine secrète et poursuivaient leur quête de Sagesse et de Libération.

Le terme upanishad apparaît assez fréquemment à l'intérieur des Upanishads elles-mêmes, avec quatre nuances bien distinctes :

  • Explications secrètes ou ésotériques.

  • Connaissance dérivée de la réflexion et/ou de la méditation sur ces explications.

  • Règles spéciales ou observances strictes qui incombent à ceux qui ont reçu ces explications.

  • Enfin, le titre des livres renfermant ces explications.

Le caractère sacré et secret des Upanishads a été affirmé pendant des siècles, et cela dès l'origine. C'est à la fin des Védas, de chacune de leurs sections, que se trouve chacune des Upanishads : les cinq Vedas comportant 1180 Saakas ou sections, il devrait donc y avoir 1180 Upanishads ! Il n'en reste plus qu'une collection de 108, considérées comme canoniques (c.-à-d. mentionnées et classifiées dans la Muktika Upanishad), plus d'autres, non-canoniques, donc dispersées dans les manuscrits, et que les indianistes répertorient et classifient, agrandissant le corpus des textes authentifiés.

Ces 108 Upanishads, accompagnées de la Bhagavad Gita et des Brahma Sutras, constituent le triple canon du Védanta (Prasthana-traya). Dans celui-ci, les Upanishads constituent le texte révélé (sruti-prasthana), et elles marquent le sommet du Véda (lui-même intégralement révélé et formant la Shruti, « la Révélation » directement retranscrite par les Rishis sous la dictée des dieux ou du Brahman). Ces Upanishads viennent tout à la fin des sections védiques, et elles contiennent la source immaculée de la métaphysique du Védanta, qui étymologiquement signifie « fin (anta) - dans son double sens : dernière partie et but ultime - du Véda ». Bhagavad Gita et Brahma Sutras sont, quant à eux, partie intégrante de la Smriti, l'ensemble des textes religieux qui ont été retranscrits de mémoire, par ouï-dire, donc de facture humaine même si au départ ils auraient été révélés.

Shankara, le fondateur de l'Advaita Vedanta (le Védanta non-duel, ou monisme absolu), qui est l'école de philosophie hindoue la plus récente, datant du VIIe siècle après J.C. – Shankara étant né probablement en l'an 686 de notre ère – et celle qui a le plus influencé l'Occident depuis le XIXe siècle, était un fervent des Upanishads. Selon lui, le terme Upanishad serait un dérivé de la racine sad, 'dénouer', 'atteindre' ou 'détruire' accolée à Upa et ni comme préfixes et kvip comme terminaison. Auquel cas, upanishad signifierait « connaissance du Brahman par laquelle l'ignorance est dénouée ou détruite ». Et ce serait donc en raison de leur complexité et de leur exigence de discipline fervente que les Upanishads ont été placées en conclusion des Védas, et classifiées en tant que Vedanta ou fin(alité) ultime des Védas.

Une brève récapitulation : Il y a cinq Védas (si l'on compte séparément les deux versions du Yajur Veda – la Sukla et la Krishna). Chacun d'eux comporte de nombreuses Saakas (sections). Chaque Saaka comporte une section rituelle décrivant les actes à observer, faite de Mantras et de Brahmanas. Ces derniers, – outre des codes liturgiques, des légendes divines, des initiations aux mantras, etc. – traitent de méditation (Upasana) et intègrent les Aranyakas (les traités de la vie dans la forêt) au bénéfice de ceux qui se sont consacrés à la quête spirituelle. De cet emboîtement complexe, sorties de leur écrin, voici les Upanishads !

Dix des 108 Upanishads ont fait l'objet de commentaires, réputés au point de devenir eux-mêmes des classiques, car ils venaient de grands sages, notamment Shankara, Aurobindo. Les Upanishads commentées sont : Isha(vasya), Kena, Katha, Aitareya, Brihadaranyaka, Prasna, Mandukya, Taittriya, Chandogya et Mundaka, et elles sont désormées regroupées sous l'appellation d'Upanishads majeures. Ce sont d'ailleurs les plus traduites, on en trouve plusieurs versions en français. Toutes traitent essentiellement de thèmes philosophiques et métaphysiques, ce qui induit à croire que toutes les Upanishads traitent de philosophie. C'est une erreur : dans la large palette des thèmes abordés, on peut même apprendre la façon orthodoxe de porter les cendres sacrées (avis aux amateurs !), quel est le rituel d'adoration de tel ou tel dieu, des bribes des légendes des Brahmanas y sont intégrées, et des dieux vivants, truculents parfois, dialoguent avec des mortel(le)s assoiffé(e)s de connaissance... Mais il reste vrai que c'est toujours dans le contexte d'un enseignement des divers Yogas, et avec la Libération comme finalité ultime.

Separator

Classification des Upanishads

Le canon Muktika

Upanishads Majeures

Upanishads Mineures – classement thématique


12 Upanishads hors-canon

Liste alphabétique des 108 Upanishads

 

Une collection de 108 textes sur le même sujet, cela exige un classement. De fait, trois classements se sont imposés au fil du temps :

  • le canon Muktika, donné par l'Upanishad de ce nom, qui les classe par Véda;

  • les Majeures (les 10 exclusivement philosophiques et métaphysiques, commentées par les grands Maîtres, les plus connues en Occident) et les Mineures (les 98 autres);

  • le classement par groupes thématiques (celui que j'adopte dans la section Upanishads, et dans le Menu du site, à gauche).

  • Enfin, très utile pour s'y repérer, une simple liste alphabétique !

 

Le canon Muktika

La liste des 108 Upanishads canoniques selon l'Advaita Védanta, est donnée par la Muktika Upanishad, 1:30-39, qui les numérote tout simplement, en premier lieu. Puis le canon Muktika s'affine et les classifie par leur Véda d'origine :

  • 10 Upanishads provenant du Rig Véda : 1. Aitareya - 2. Kaushitaki - 3. Nada Bindu - 4. Atma Bodha - 5. Nirvana - 6. Mudgala - 7. Aksha Malika - 8. Tripura - 9. Saubhagya Lakshmi - 10. Bahvricha.

  • 16 Upanishads provenant du Sama Véda : 1. Kena - 2. Chandogya - 3. Aruni - 4. Maitrayani - 5. Maitreya - 6. Vajra Suchika - 7. Yoga Chudamani - 8. Vasudeva - 9. Maha - 10. Sannyasa - 11. Avyakta - 12. Kundika - 13. Savitri - 14. Rudraksha Jabala - 15. Darsana - 16. Jabali.

  • 19 Upanishads provenant du Sukla Yajur Véda : 1. Isha(vasya) - 2. Brihadaranyaka - 3. Jabala - 4. Hamsa - 5. ParamaHamsa - 6. Subala - 7. Mantrika - 8. Niralamba - 9. Trisikhi Brahmana - 10. Mandala Brahmana - 11. Advaya Taraka - 12. Paingala - 13. Bhikshuka - 14. Turiyatita Avadhuta - 15. Adhyatma - 16. Yajnavalkya - 17. Satyayaniya - 18. Tara Sara - 19. Muktika.

  • 32 Upanishads provenant du Krishna Yajur Véda : 1. Katha - 2. Taittiriya - 3. Brahma - 4. Kaivalya - 5. Svetasvatara - 6. Garbha - 7. Maha Narayana - 8. Amrita Bindhu - 9. Amrita Nada - 10. Kalagni Rudra - 11. Kshurika - 12. Sarva Sara - 13. Shuka Rahasya - 14. Tejo Bindu - 15. Dhyana Bindu - 16. Brahma Vidya - 17. Yoga Tattva - 18. Dakshinamurti - 19. Skanda - 20. Sariraka - 21. Yoga Shikha - 22. Ekakshara - 23. Akshi - 24. Avadhuta - 25. Katharudra - 26. Rudra Hridaya - 27. Yoga Kundalini - 28. Pancha Brahma - 29. Pranagnihotra - 30. Varaha - 31. Kali Santarana - 32. Sarasvati Rahasya.

  • 31 Upanishads provenant de l'Atharva Véda : 1. Prasna - 2. Mundaka - 3. Mandukya - 4. Atharvashiras - 5. Atharvashikha - 6. Brihad Jabala - 7. Nrisimha tapaniya - 8. Narada Parivrajaka - 9. Sita - 10. Sarabha - 11. Tripadvibhuti mahanarayana - 12. Rama Rahasya - 13. Rama Tapaniya - 14. Sandilya - 15. Paramahamsa Parivrajaka - 16. Annapurna - 17. Surya - 18. Atma - 19. Pashupata Brahmana - 20. Para Brahma - 21. Tripura Tapini - 22. Devi - 23. Bhavana - 24. Bhasma Jabala - 25. Ganapati - 26. Maha Vakya - 27. Gopala Tapaniya - 28. Krishna - 29. Hayagriva - 30. Dattatreya - 31. Garuda.

Separator

Upanishads Majeures

Ces 10 Upanishads, si elles traitent exclusivement de philosophie et de métaphysique, ne sont pas exclusivement celles qui en traitent ! Toutes les Upanishads (ou presque) traitent de ces thèmes, qui sont pour ainsi dire obligés pour qu'un texte soit répertorié à cet endroit du Véda. Mais il est vrai que celles-ci sont particulièrement denses... et admirables.


Aitareya Upanishad
-- Up. du Sage Aitareya
Huitième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Rig Véda et classée comme Upanishad majeure.

C'est la plus ancienne des Upanishads, on la situe entre le VIIème et le IVème siècle avant J.-C. On y trouve donc une conception cosmo-anthropologique archaïque, peu claire, voire brouillée (p.ex. c'est ici l'Atman qui est le démiurge, et non Brahma ou Prajapati), et il ne faut surtout pas tenter d'y rattacher les concepts clés que le Védanta développera quelques siècles plus tard. Elle provient du Brahmana attribué à un sage du nom d'Aitareya. L'intérêt particulier de cette Upanishad est néanmoins une sobriété radicale dans l'approche cosmologique et métaphysique : tout l'enjeu de la création se joue ici entre l'Atman et la créature humaine, et le trait d'union entre les deux est la Conscience, Brahman.

Brihadaranyaka Upanishad - Up. du Grand Traité de la vie en forêt
"Le Grand Livre de la Forêt" ! L'une des plus anciennes. S'articule en 3 kandas (sections): le Madhu kanda, le Yajnavalkya ou Muni kanda, et le Khila kanda. Un portrait grandeur nature du Brahman : universel, indifférencié, pure conscience absolue. Le fameux 'Neti, Neti' est expliqué: indescriptibilité absolue de l'absolu Brahman. Enfin – pas inutile du tout – les 3 vertus indispensables : discipline pour soi, charité et compassion pour autrui. Mais c'est là réduire abusivement une œuvre d'une telle ampleur, présentant un tel foisonnement de thèmes se recoupant inlassablement.
« Ce qui ne se trouve pas dans la Brihadaranyaka ne se trouve nulle part ailleurs, et inversement, ce qu'on ne trouve nulle part ailleurs, on ne le trouve pas non plus dans la Brihadaranyaka. », dit-on. Ce doit être vrai, tant ce texte est riche, approfondissant le raisonnement philosophique dans un contexte de situations anecdotiques variées. On peut le voir comme une sorte de labyrinthe de quête du sens, avec questions et réponses ponctuelles, où le lecteur se perd rapidement. Un index s'imposait donc, qui facilitera les recherches ultérieures.
Il faut ajouter qu'au plan littéraire, c'est une œuvre accomplie, étonnamment alerte, habile à relancer perpétuellement la curiosité et la faim de connaissance... la méthode didactique de la spirale y montre ses meilleurs effets : les répétitions, si elles peuvent lasser de prime abord, révèlent vite qu'elles sont la voie sûre pour approfondir tout en consolidant les notions déjà vues. D'un shloka à l'autre, c'est aussi une galerie de portraits, parfois hauts en couleur, bien contrastés, qui nous donne une approche quasi cinématographique des assemblées de discussions philosophiques. Le fameux Yajnavalkya, sage parmi les sages, 3000 milles après, continue de dégager une présence puissante, et nous met littéralement dans sa poche... étonnant !
Il faut absolument lire cette fascinante Upanishad, et si on n'en lit qu'une, ce doit être celle-ci. Une chose est sûre : après lecture, notre notion du “texte spirituel” en ressort rénovée, et de façon surprenante !

Chandogya Upanishad - Up. du chantre d'hymnes
Chef-d'œuvre absolu, la Chandogya Upanishad l'est à plus d'un titre : par sa beauté formelle, par la limpidité de son style, par la variété de ses approches et la vivacité des personnages qui – dans un cadre anecdotique parfois savoureux – dialoguent sur des points de doctrine bien précis. On n'y trouvera pas une exposition systématique des moyens menant à la libération, mais une élucidation – à chaque fois plus amplement reprise – de l'identité secrète du chercheur et de l'Atman-Brahman. Aussi ancienne que la Brihadaranyaka, elle est antérieure au Ier millénaire av. J.-C. et se présente comme un recueil de dialogues théologico-philosophiques, aux formules fortes et frappantes, qui ont inspiré de nombreux chercheurs postérieurs : l'auteur des célèbres Brahma Sutras y puisa de copieuses références, pas moins de cent-trente citations ! Shankaracarya avait une profonde admiration pour cette œuvre et en a donné des commentaires passionnés, ardemment polémiques, qui aboutiront à l'élaboration de la doctrine de l'Advaita Védanta.

“Parmi les dix Upanishads majeures, la Chandogya et la Brihadaranyaka surplombent les autres par leur stature majestueuse et leur perfection, et ces deux textes sont considérés par les érudits comme représentant l'aspect cosmique et l'aspect a-cosmique de la Réalité. Dans la Brihadaranyaka, l'accent est mis sur la nature ultra-spirituelle de chaque plan d'existence et de chaque étape de l'évolution, balayant d'un large mouvement tous les phénomènes de l'existence empirique, dans un élan vers la Réalité suprême. Au contraire, la Chandogya se veut plus réaliste, et examine les grandes questions de la vie sous un angle plus neutre. Ce qui a mené au sentiment prédominant que la Chandogya intègre avec bienveillance les formes usuelles de l'expérience, tandis que la Brihadaranyaka vise à les transcender absolument.” (Swami Krishnananda)

Isha(vasya) Upanishad - Up. du Seigneur (Tout-Enveloppant)
Première Upanishad du canon Muktika, appartenant au Shukla Yajur Véda et classée comme Upanishad majeure.

Cette magnifique Upanishad, très brève et dense, est si connue, si souvent traduite, qu'il n'est guère besoin de la présenter. Cette prière énigmatique qui cumule les paradoxes procède autant du Karma Yoga que du Bhakti Yoga, et dans sa forme concise et poétique, elle résume l'essentiel du Védanta. Que chacun, s'il le souhaite, l'apprivoise par lui-même, et la laisse déployer ses harmoniques, en fonction de ses connaissances et de son expérience propre.

Katha Upanishad - Upanishad-Conte
Troisième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Krishna Yajur Véda et classée comme Upanishad majeure.

Le texte de cette Upanishad est partiellement lacunaire dans sa 1ère partie, les éléments situant le dialogue et le changement de personnage manquaient, ce qui lui donnait une obscurité qui avait - hélas - tissé une réputation bien établie. Je me suis donc aidée, au surplus, de l'excellente version complétée par Swami Nikhilananda, de l'Ordre de Shri Ramakrishna, auteur de nombreux commentaires dans la plus pure tradition de l'Advaita Védanta, et je livre une traduction française plus assurée, plus alerte, et plus attrayante... que cette Upanishad-conte méritait vraiment ! Ainsi éclairée, elle se révèle comme pouvant figurer la majeure parmi les majeures, tant elle fore autour de la question fondamentale : la mort, ou comment faire de cette vie autre chose qu'un passage entre deux morts...

Katha signifie « histoire, discussion », les kathakas étaient des bardes, rhapsodes et exégètes des contes tirés des Écritures... Ces contes sont adjoints au Krishna Yajur Véda, dans une section nommée Kathakam, qui inclut également des mantras et des brahmanas. Ce conte-ci pourrait retracer une évolution historique dans la conscience religieuse : si pour l'ancien Brahmane qu'est Vajasravasa, il suffit d'un sacrifice précis pour obtenir la libération, par contre pour son fils Nachiketas, héros de l'Upanishad, les exigences sont plus hautes, on ne peut l'obtenir que par la connaissance, donc par un effort personnel. Et c'est de Yama, dieu de la Mort, que provient la nouvelle gnose : affirmation du Brahman, quête de l'Atman par le culte de l'intériorité et du symbolisme métaphysique, qui depuis lors signe la littérature des Upanishads.

Kena Upanishad - Upanishad de l'interrogation sur Brahman
Deuxième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Sama Véda et classée comme Upanishad majeure.

La Kena tire son nom de l'interrogation initiale au shloka 1 : Kena-ishitam, "par qui dirigé... par qui voulu...?" Elle provient du Brahmana Talava-karas du Sama Véda, et Shankara, qui l'a commentée à deux reprises, s'y réfère comme Talavakara Upanishad. Partant de la recherche du véritable agent derrière les opérations de la nature et les sens de l'homme, l'Upanishad démontre que tout pouvoir à l'œuvre, en la nature comme en l'homme, est celui de Brahman. Mais Brahman est-il vraiment connaissable ? Il faut le réaliser, y pensant en permanence, afin de parvenir à l'immortalité après sa mort. Dans cette Upanishad très ancienne, les concepts-clés de méditation, de yoga, de libération de son vivant, etc. n'apparaissent pas. Mais l'essentiel du Jnana Yoga est déjà là, exprimé avec force et beauté. Aussi cette Upanishad est-elle toujours l'une des plus estimées, des plus lues et des plus traduites !

Mandukya Upanishad - Upanishad de la Grenouille, suivie des Karikas de Gaudapada

Sixième Upanishad du canon Muktika, appartenant à l'Atharva Véda et classée comme Upanishad majeure.

Mandukya Upanishad :
Mandukya a suscité deux interprétations différentes :
— soit on considère ce mot comme venant de Manduka : 1) grenouille, crapaud; 2) Manduka Yoga, type de yoga, dans lequel on reste longuement immobile, à l'image de la grenouille, afin de développer une méditation particulièrement abstraite; 3) Manduka asana, la posture de la grenouille en Hatha Yoga;
— soit on s'en tient à Mandukya, fils de Manduki, lequel est un sage mentionné dans la Brihadaranyaka Upanishad.

La Mandukya Upanishad, très brève, se concentre uniquement sur l'identité du monde et de la syllabe sacrée Om, de l'Atman et de Brahman. Elle est probablement très ancienne, car elle traite la syllabe Om comme composée de trois unités phonétiques, et non de quatre, bien qu'elle intègre les quatre composants spirituels du mot sacré. Elle a influencé les Upanishads postérieures, où s'affirme et se précise la doctrine de la non-dualité (Advaita), notamment la Maitrayani.

« La Māndūkya est l'essence de toutes les Upanishads, l'étudier et l'assimilier est le seul moyen suffisant à nous mener à l'émancipation, māndūkyamekamevālam mumukshhūnam vimuktaye : Pour la libération de l'aspirant, seule la Māndūkya Upanishad est appropriée, si elle est convenablement transformée en expérience. » Swami Krishnanda, The Mandukya Upanishad, 1968.

Karikas de Gaudapada :

Karika : « qui fait, agit, produit, crée » - 1) danseuse; 2) commerce, affaires; 3) verset, strophe d'un traité philosophique; doctrine.

La brièveté, voire l'extrême et regrettable concision de cette Upanishad, a – fort heureusement pour nous – suscité un commentaire éblouissant, l'un des chefs-d'œuvre de la philosophie hindoue, rédigé par Gaudapada, probablement au VIIème siècle. Védantiste avoué, Gaudapada semble avoir admirablement concilié le bouddhisme (le grand rival du védantisme, à cette époque) et le Védanta, et tout en éclairant les nombreuses implications des treize shlokas de la Mandukya, il intègre habilement certains des concepts-clés du bouddhisme : la non-origine et le non-devenir, le dharma (ici pris comme l'ensemble des êtres soumis à la loi, donc les créatures dotées de conscience morale, les âmes individuelles), le Buddha (l'éveillé) et l'AdiBuddha (l'éveil depuis l'origine), etc.
Gaudapada fut le maître de Govinda, lequel fut le maître de Shankara, qui n'a donc qu'un léger pas à franchir pour parachever la doctrine de l'Advaita Védanta (monisme absolu). Or, curieusement, Shankara, au VIIème siècle, ne mentionnera pas cette Upanishad, alors même qu'on trouve – dans les commentaires qui se sont greffés sur elle deux générations auparavant et qui vont en rester indissociables – les idées, les images et les concepts dans lesquels il va abondamment puiser : un enseignement capable de concilier toutes les écoles, les polémiques sur la causalité, la perception sans objet, la corde et le serpent, l'espace du pot et l'espace universel, l'irréalité du rêve, le mirage tissé par la Maya, etc.
Le premier Karika, imbriqué dans la Mandukya Upanishad, consiste essentiellement en un long commentaire de celle-ci. Par contre, les trois Karikas suivants s'éloignent des thèmes et du point de vue principal de l'Upanishad et développent une approche de la Réalité ultime qui est exclusivement non-dualiste; ils figurent donc comme un enseignement indépendant de ce qui a précédé, mais qui le porte néanmoins à son ultime développement. Le quatrième Karika est si fortement imprégné de la doctrine bouddhiste, tout en mettant en évidence les thèses que Shankara va définitivement intégrer dans la doctrine de l'Advaita Védanta, que l'on voit à l'œuvre – et avec une précision surprenante – la façon dont l'hindouisme a su intégrer et digérer les courants auxiliaires qui ont dérivé pendant plusieurs siècles autour du tronc commun de la pure philosophie védique, en parvenant à chaque fois à constituer des systèmes intégraux et fonctionnant admirablement bien.

Mundaka Upanishad - Up. des "Crânes rasés"
Cinquième Upanishad du canon Muktika, appartenant à l'Atharva Véda et classée comme Upanishad majeure.
Munda signifie « crâne rasé, tête chauve », et dérive de mund, raser la tête. Se dit aussi d'un arbre élagué, ou d'un crâne de squelette. Mundamala est ainsi la guirlande de crânes qu'arbore Yama, le dieu de la Mort, ou les guirlandes de têtes coupées que portent d'autres divinités, notamment Kali la sanguinaire.

L'idée sous-jacente à ce titre reste ambiguë. Soit cette Upanishad était traditionnellement délivrée devant des auditoires de moines, ou renonçants, portant les uns et les autres la tête rasée, soit d'emblée, dès son titre, elle présume que le contenu de son enseignement est si puissant qu'il vous suffira — auditeur vigilant et réfléchi — de l'entendre, puis de la méditer, pour que vos fausses idées, préjugés et illusions tombent sous le coup de l'illumination ! Aussi cette Mundaka Upanishad est-elle réputée « libératrice » car elle « rase » le crâne des idées illusoires et inutiles. Mais elle insiste néanmoins sur la nécessité de respecter tous les rites liés à la Connaissance inférieure (Apara Vidya), qui seule révèle la nature réelle des objets de l'univers, avant de procéder à l'étude de la Connaissance supérieure (Para Vidya), qui seule permet d'accéder à la vision de la réalité ultime, qui est l'Éternel (Akshara), et de réaliser Brahman.

Prashna Upanishad - Up. du questionnement
Quatrième Upanishad du canon Muktika, appartenant à l'Atharva Véda et classée comme Upanishad majeure.

Prashna signifie question. Six questions, six étudiants en quête de Brahman , six réponses développées avec profondeur et rigueur par le sage Pippalada. La première réponse de Pippalada : « Faites pénitence pendant toute une année. On verra après ! » La suite est dans l'Upanishad... Sont abordés les points suivants : 1) Prana et soleil, qui sont à l'origine des créatures, 2) les dévas qui gouvernent le corps, sous la prééminence de Prana, 3) élucidation de Prana dans toute sa complexité, 4) élucidation du deva supérieur du mental, au-delà des trois états de conscience, 5) pouvoirs et promesses des trois pratiques du mantra Om, et enfin 6) élucidation du Purusha suprême en qui se résorbe la voie spirituelle, au-delà duquel plus rien ne peut plus être dit au sujet de Brahman.

Taittiriya Upanishad - Up. de la Taittiriya Samhita
Septième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Krishna Yajur Véda et classée comme Upanishad majeure.

Cette Upanishad, l'une des plus anciennes, est extraite de la Taittiriya Samhita, ou recension du Krishna Yajur Véda (ou Yajur Véda “noir”) élaborée par l'école de Tittiri (qui donna son nom au Taittiriya Shakah dont proviennent – entres autres volumes – la Samhita et l'Upanishad présente). Tittiri fut un célèbre disciple du grammairien Yaska, au 6ème-5ème siècle av. J.-C. Le Yajur Véda étant essentiellement un recueil liturgique de prescriptions rituelles et sacrificielles, cette Upanishad intercale de nombreux hymnes, prières et invocations, dans sa première partie consacrée à l'étude de la phonétique et des mantras de méditation, et à la discipline morale et mentale qui en est le préalable obligatoire; par ailleurs, cette Upanishad passe pour présenter, dans sa seconde partie, la première élaboration de la théorie des cinq corps subtils, koshas. L'Upanishad s'articule en 3 Vallis (lianes): la Shiksha Valli donne des rudiments de linguistique, de cosmogonie et de métaphysique, puis explore brièvement le mantra Om et les disciplines fondamentales de la quête spirituelle. Lui succède la Brahmananda Valli, remarquable car elle présente – pour la première fois dans la littérature spirituelle - la théorie des cinq corps humains (kosha). Elle décrit également les étapes successives vers “la félicité en Brahman”. À remarquer, une surprenante mais judicieuse “échelle des félicités”. Enfin, la Bhrigu Valli consiste en un dialogue entre Brighu et son père divin,Varuna, qui le guide, ascèse après ascèse, vers la réalisation parfaite, vers la connaissance du Soi Suprême, Paramatma-jnana.


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Upanishads Mineures
par classement thématique

Les 98 autres Upanishads recouvrent une grande variété de thèmes et d'ampleur (de minuscules Upanishads côtoient de longs enseignements répétitifs ou minutieusement détaillés), d'importance variable au niveau de l'enseignement : des superstitions cocasses côtoient de profondes philosophies et de vertigineuses métaphysiques, mais aussi des détails de rituels minutieux s'accumulent, fastidieux, voire absurdes, et l'on y découvre l'envers de la réputation prestigieuse : les Upanishads, c'est aussi cela ! Pour être exact, dans presque toute Upanishad, on découvre un mélange variable de tous ces ingrédients, ce qui contribue à leur charme !

Pour la plupart, elles n'ont de mineur que le titre générique, qui ne signifie ici rien de plus que ''non-majeur''.
Globalement, elles couvrent 5 grands thèmes, outre l'exposition générale du Védanta. Elles sont donc réparties en 6 sous-groupes :

27 Upanishads générales
13 Upanishads de Shiva
9 Upanishads de Shakti
14 Upanishads de Vishnu
16 Upanishads du Renoncement (Sannasya)

19 Upanishads du Yoga

 

27 Upanishads générales


Adhyatma Upanishad - Up. du Plan intérieur
Sada Shiva donne un enseignement au sage Apantaratamas : Il n'existe rien d'autre que l'Atma et le sentiment d'existence de tout le reste n'est qu'illusion.

Akshamalika Upanishad - Up. du rosaire
Le sage Guha enseigne en détail au Seigneur Brahma les règles d'utilisation du mala (rosaire) et comment invoquer les pouvoirs des divinités dans chacun des grains.

Akshi Upanishad - Up. de la Vision
Voici encore une Upanishad très peu connue ou fréquentée, dont n'existe aucun commentaire, et rien qu'un mince repère chronologique : elle fait partie des Upanishads moyenâgeuses, du Xe au XIVe siècle. On peut mentionner l'influence bouddhiste qui affleure en plusieurs endroits, notamment dans ce passage : « Puisque tout ce monde est souffrance, au début, au milieu et à la fin, alors, ô homme sans souillures, renonce à toutes choses et voue-toi à la Vérité. », qu'on croirait extrait d'un sermon du Bouddha sur les Quatre Nobles Vérités, et dans l'usage du terme Buddha pour “éveillé” dans la glorification finale de l'Existence absolue (Sat). Le propos de cette Upanishad est de présenter la Sagesse, telle que perçue par le Soleil, qui régit la vue, mais aussi la vision spirituelle. L'enseignement porte sur la science sacrée de Brahman (Brahma Vidya) et s'articule autour des sept stades du Yoga (Bhumika), et non des huit étapes, comme c'est l'usage. Il introduit de nouvelles catégories, ainsi les deux sortes de non-attachement, général et supérieur. La conclusion rejoint le leitmotiv qui court dans toutes les Upanishads : la clé du Samadhi (et de la libération) est la lettre sacrée Om, identique à la Conscience absolue.

Atma Bodha Upanishad - Up. de la Connaissance du Soi
La méditation sur le AUM (Pranava) et le grand mantra des Vaishnava (adorateurs de Vishnu) ”Om Narayanaya Nama”, ouvrent le lotus du cœur dans la cité de Brahman, le corps humain, au centre duquel brille la lumière éternelle, par où le disciple gagne le plan de l'immortalité... Puis l'Upanishad laisse la parole à l'âme évoluée, qui chante sa libération, empruntant tour à tour des accents extatiques... ou mordants : « La servitude ? La libération ? C'est le même état, selon mon expérience. »

Atman Upanishad - Up. de l'Âme suprême
"Lorqu'Il se manifeste, l'Esprit universel apparaît sous trois niveaux : le soi, le Soi intérieur, et le Soi suprême..." Ainsi débute cet enseignement qui traite exclusivement de l'Atman, sous ses 3 aspects : le soi, le Soi intérieur et le Soi suprême. La prééminence de la notion d'Atman en tant que pilier autour duquel se construit la quête est confirmée : un Brahma Jnanin ne voit nulle autre chose que l'Atman.

Ekakshara Upanishad - Up. de l'Unique
Ekakshara désigne toujours la syllabe sacrée Om. Ici, aucune référence explicite au Pranava Om, mais un hymne vibrant à l'Unique, à l'Absolu. De la référence initiale, “conjoint d'Uma”, on pourrait déduire qu'il s'agit d'un hymne à Shiva sous son aspect suprême, mais l'ampleur des attributs dépasse tout culte particulier. C'est un hymne universel à l'Origine absolue, bien avant toute manifestation divine. Ce qui en fait bel et bien une méditation puissante sur la signification ésotérique du Pranava Om.

Garbha Upanishad - Up. de l'Embryon
Le sage Pippalada traite du développement du fœtus in utero. C'est également un traité d'anatomie subtile selon l'école Samkhya (Yoga et philosophie védique originelle). Le point le plus remarquable de cette Upanishad, outre une vision pré-scientifique étonnamment précise, est son affirmation de la vie psychique du fœtus dès le moment de l'incarnation de l'âme, de sa capacité à se remémorer ses vies antérieures et son bilan karmique, et – encore plus remarquable – de sa détermination à profiter de cette nouvelle incarnation pour se libérer définitivement.

Katha Rudra Upanishad - Upanishad-conte de Rudra
Dans cette Upanishad, c'est Brahma en personne qui donne un enseignement à l'assemblée des dieux. Si elle est à rattacher aux Upanishads du Renoncement, elle figure néanmoins dans les Upanishads générales car – après une présentation détaillée de la procédure de renoncement et des injonctions subséquentes, elle adopte un point de vue essentiellement philosophique pour se consacrer longuement à la question essentielle : comment réaliser Brahman ? Et que signifie “avoir réalisé Brahman” ? Il est à noter que le concept de libération n'y apparaît qu'une fois (shloka 11), la motivation essentielle de cette approche étant la connaissance de Brahman, la connaissance en Brahman. Elle a, en son temps, suscité une école philosophique minoritaire, nommée KathaRudra.

Kaushitaki Upanishad - Up. du Kaushitaki Brahmana
Cette Upanishad très ancienne, extraite du Brahmana du Rig Véda attribué à l'école rituelle Kaushitaki, est considérée soit comme une Upanishad majeure, soit – et le plus souvent – comme une Upanishad générale.
Le premier chapitre traite du séjour lunaire de l'âme après la mort, et présente les épreuves que subit l'âme au moment d'entrer sur le sentier des dieux (Devayana).
Le deuxième chapitre affirme l'identité du souffle de vie (Prana) et de Brahma(n), et enseigne plusieurs rites permettant de se procurer le trésor suprême et d'autres dons qui, certainement, assureront de fouler plus tard le sentier des dieux; puis certains autres régissant les rapports de filiation, notamment la transmission du père à son fils avant sa mort. Les composants essentiels de l'être humain sont ainsi révélés : les organes sensoriels (Indriyas), les organes moteurs (mains et pieds), les divinités qui les animent et les mondes correspondants, le souffle de vie (Prana) et l'intellect supérieur (Prajnatman).
Le troisième chapitre relate un enseignement du dieu Indra (le premier des dieux védiques) au sage Pratardana, traitant de l'interdépendance entre les organes sensoriels qui animent l'être physique, le souffle de vie (Prana), et la conscience du Soi suprême (Prajnatman).
Le quatrième chapitre reprend ce thème dans un nouveau dialogue entre Gargya l'érudit et le roi de Bénarès, Ajatasatru. Le Brahman est d'abord assimilé à huit divinités des forces naturelles, puis aux huit manifestations de l'Atman dans l'être humain. Puis la métaphore de l'homme endormi qui s'éveille met en lumière – au-delà de l'interdépendance vue précédemment – l'identité essentielle : Brahman - Prajnatman -Prana - Indriyas.

Maha Upanishad - La Grande Upanishad
Traduite pour la première fois en français, cette « Grande Upanishad » associe harmonieusement divers genres littéraires pour exprimer une synthèse de l'enseignement sous forme d'aphorismes, parfois percutants. S'il est vrai que son syncrétisme laisse planer des doutes sur son authenticité aux yeux de certains (des extraits cités par Shankara, par exemple, sont introuvables dans le texte qui a survécu jusqu'à nos jours), on s'accorde en général à penser qu'elle est authentique, bien qu'actuellement incomplète. Vue sa longueur, l'auteur de l'Upanishad pour une fois s'est permis d'approfondir dans une mise en perspective très pratique : et ce sont des conseils applicables au quotidien qui tissent la majeure partie de cet enseignement...
Mais au préalable, il commence au tout début du « dicible » : Au chapitre I, nous sommes dans le néant, où seule veille la conscience de Narayana, l'ancien dieu cosmique, qui commence à s'ennuyer... il lance – encore une fois – le chantier d'un univers en création.
Au chapitre II, nous rencontrons Suka, enfant prodige de la sagesse, qui réalisa la Vérité juste après sa naissance... bonne occasion de nous expliquer ce qu'est la réalisation, en quoi consiste la conscience de l'Être suprême à laquelle elle nous ouvre; occasion également d'aborder les deux types de libération : de son vivant et post mortem. Néanmoins, Suka-à-la-pure-Connaissance reste modeste et respecte les usages de son temps : il sollicite donc les enseignements de son père, puis du roi-philosophe, Janaka, proverbialement célèbre. Pour ce jeune élève déjà pleinement éveillé et qui veut néanmoins aller plus loin, Janaka approfondit l'enseignement : comment continue-t-on à vivre dans le monde lorsque l'on est un « libéré vivant » ? comment faire face et maîtriser les impressions mentales qui ne manquent pas de faire irruption même dans la plus profonde méditation ? C'est ici, sur cette partie avancée du chemin spirituel, que l'auto-analyse et le recours au maître intérieur s'avèrent indispensables. Finalement, Suka se dirige vers le mont Méru, le tabernacle des tabernacles, pour s'y plonger dans une méditation qui va durer quelques milliers d'années, dans une lente disparition de sa conscience individuelle...
Au chapitre III, Nidagha, jeune adolescent surdoué qui vient d'accomplir un pèlerinage-marathon, va trouver le sage Ribhu et lui exprime ses angoisses spirituelles : cette complainte de Nidagha est une expression admirable de la nigredo alchimique, de l'œuvre au noir qui précède la « queue du paon », l'illumination arc-en-ciel.
Au chapitre IV, réponse-enseignement de Ribhu à cette grande âme qu'est déjà Nidagha. Son enseignement, approfondi et éminemment pratique, qui va couvrir les trois derniers chapitres, vise à concilier l'ardente nostalgie de la source de perfection et le contact prolongé avec la vie dans les trois mondes... et il apparaît que la « Grande Upanishad » est en fait « l'Upanishad des Grandes Âmes, Mahatmas ». L'esprit illuminé, qui cumule connaissance intellectuelle et grâce divine, est néanmoins encore assujetti aux ruses de Maya-Prakriti, en raison de l'impureté fondamentale de la conscience. C'est celle-ci qu'il faut dès lors analyser et maîtriser au cas par cas. « Celui qui aspire à la sagesse doit lancer l'enquête sur sa propre nature : Qui suis-je ? Comment cette imperfection qui ternit le Samsara s'est-elle développée ? » (IV.1-24). Le caractère négatif (dans le sens de théologie négative : ni ceci, ni cela, ni autre chose) de l'expérience ultime et du mental illuminé est exprimé par des paradoxes âpres, qui cassent les clichés sur l'éveil spirituel : « Avec de gros efforts si nécessaire, fais de ton mental un non-mental, médite en ton coeur, demeurant au bord de la roue de la conscience. Tue le mental sans hésitation aucune, afin que tes ennemis intérieurs ne viennent pas te ligoter. »(IV.88-106).
Au chapitre V, Ribhu nous expose les 7 degrés de l'ignorance, couplés aux 7 degrés de la sagesse, qui dessinent les 7 étapes de la connaissance, indispensables pour ne pas s'enliser dans le bourbier des illusions spirituelles, la surestimation de son niveau, par exemple, couplée – toujours – à la sous-estimation d'autrui, en étant le cas le plus répandu. Et c'est toujours le mental qui est au cœur de l'erreur d'estimation, en raison de sa nature intrinsèque. Trouver et rester dans le milieu, le juste milieu, est l'unique remède à cette distorsion de la réalité par les activités mentales dérivées du sens de l'ego. Sublimer le mental, même s'il revient sans cesse en activité, est donc le lot de persévérance héroïque de l'aspirant à l'éveil définitif – véritable travail de Sisyphe ! S'il reste toujours le mental tout-puissant, buddhi, du moins qu'il soit pleinement et exclusivement identifié à Tat, Cela ! Mais les rapports avec les trois mondes existent toujours, et l'esprit n'en finit jamais de s'analyser et de découvrir de nouvelles explications à ses rouages subtils. Shloka après shloka, presque tous les cas de figure sont recensés par Ribhu. Puis, avec une précision surprenante, il nous révèle les étapes minutieuses par lesquelles de l'Esprit suprême émane, prêt pour l'incarnation, un jiva, un esprit individuel, puis comment fonctionnent ses constructions mentales. Tel est le pré-requis pour maîtriser ce mental et stabiliser l'Esprit durant le samadhi.
Au chapitre VI, les conseils de Ribhu concernent la phase ultime. La libération est toute proche, la conscience vacille encore légèrement, avant d'entrer totalement et définitivement dans la paix ultime. Il s'agit de prolonger ces phases, de plus en plus majoritaires, d'union avec le Soi, tout en maîtrisant de mieux en mieux la nécessité de demeurer dans le monde, dans son corps de jivanmukta. Lorsque toute différence entre les deux phases a disparu, la réalisation est achevée, complétée, par-faite. Toute la subtilité est d'accomplir le passage entre le Soi en tant qu'objet de perception caractéristique d'un certain type de méditation, et le Soi, unique point de conscience qui englobe la totalité existante, tout en étant au-delà... y compris au-delà de toute méditation ! « Ni moi ni ceci, ne sommes réels » - pénétré de cette vérité, demeure absolument immuable, durant les intervalles de conscience subjective ou objective. VI.36. Tant de simplicité est terriblement ardu ! Et trishna, l'insatiable avidité, est là qui revient sournoisement avec les fascinantes constructions mentales qui nous occupaient tant autrefois ! Aussi la renonciation est-elle un complément indispensable à la méditation. C'est de l'union intime des deux que naît la splendeur de la réalisation, tandis que le corps continue de vaquer aux occupations nécessaires, comme en se jouant... « Je suis la Gloire, vierge du moindre objet ou perception, intégralement pure, éternellement manifestée, libre de toutes les apparences, celle du voyant comme celle du témoin; Je suis l'Esprit, indépendant de tous les objets; Je suis la lumière en son essence et dans la plénitude de son orbe; il n'est rien que Je doive connaître, car Je suis la Connaissance, pure et absolue. » VI.80-81.

Maitrayani Upanishad - Up. de l'école védique de Maitri
Cette Upanishad est apparue sous de nombreux titres : Maitrayana-Brahmaya Upanishad, Maitrayana-Brahmana pour Max Müller, Maitri, Maitrayana ou Maitrayani. Elle est difficile à classer et à dater. Trois certitudes : 1) elle est assez récente pour faire une synthèse aisée des Upanishads anciennes et du bouddhisme; 2) elle est assez ancienne pour mentionner un Yoga à six membres (et non huit, comme le développeront Patanjali et le Samkhya ultérieur); 3) elle n'est ni une Upanishad majeure, ni une mineure, mais pas non plus une Upanishad générale.
Elle se divise en sept leçons ou Prapathakas, toutes consacrées à la recherche de l'Atman et aux rapports entre celui-ci et Brahman. C'est dans le cadre classique d'un dialogue entre un roi et un sage, empruntant de nombreuses citations à d'autres Upanishads, que l'auteur de cette Upanishad développe son étude de l'Atman et de Brahman. Par ailleurs, les citations choisies et les extraits d'autres passages des Écritures, font la part belle aux diverses écoles philosophiques, sans toutefois mentionner leur source ou sans situer clairement le débat (que l'on supposait familier à un auditeur de l'époque). Cela crée un éparpillement des points de vue, une multiplication de concepts plus ou moins équivalents qui se chevauchent constamment, qui élargissent le mode d'approche traditionnel des Upanishads, et peuvent entraîner une certaine confusion pour le lecteur. Mais par l'ampleur des thèmes qu'elle aborde, et par son insistance à forer de multiples approches au mystère de l'Atman, cette Upanishad approfondit – de façon unique et essentielle – les concepts d'Atman et de Brahman, la primauté du Prana dans l'éveil de la conscience, et la fonction réunificatrice du Pranava Om.

Mantrika Upanishad - Up. du pouvoir occulte des mots
Mantrika est le pouvoir occulte des sons mystiques, des mots, des sons (y compris musicaux), des nombres et des lettres, et en conséquence celui des formules mantriques. Malgré son titre, l'Upanishad parle très peu des mantras, et semble prendre pour thème essentiel le Brahman, l'Absolu, Tat, et le pouvoir des mots est celui, non seulement des mantras, mais de toute méditation basée sur les épithètes divines, de tout enseignement, de toutes les doctrines philosophique, - bref de tout ce qui, au moyen du langage, vise à percer le voile de la Maya et atteindre la contemplation directe de Brahman.

Mudgala Upanishad - Up. de Mudgala, le Voyant
La Mugdala Upanishad consiste en un commentaire du Purusha Suktam, l'Hymne à l'Homme cosmique, dont vous trouverez la traduction dans la section “Upanishads hors-canon”. Elle approfondit le symbolisme du Purusha Suktam, révélant ainsi la majesté de l'Homme cosmique, ainsi que des détails cosmogoniques nouveaux : ainsi, les conseils de Narayana, Seigneur du Manifesté (assimilé au Purusha, puis plus loin à Brahman) à Brahma, le créateur, lorsque celui-ci, mis à pied d'œuvre, constata qu'il ne savait pas comment opérer ce travail de création..

Muktika Upanishad - L'Upanishad qui accorde la Libération
Darshana-samadhi de divinités autour de Rama(chandra), avatar de Vishnu... Dans ce contexte
Enseignement de Rama à Hanuman. Aborde les Védas, Védangas mais aussi la notion de Kaivalya tout en résumant le Védanta. Le canon des 108 Upanishads est donné ici-même.

Niralamba Upanishad - Up. du Sans-support
Ce texte indépendant, pour ne pas dire iconoclaste, dans le contexte philosophique usuel, mène une investigation sur la notion de Brahman, en taillant en pièces les superstitions de la religiosité populaire. Même le Yoga peut être pure superstition, et renforcer la servitude ! Ainsi, « La servitude, c'est aussi envisager de se consacrer exclusivement à la poursuite de la libération (moksha). » En conclusion, seul le Renoncement absolu est la méthode la plus sûre pour atteindre la libération.

Paingala Upanishad - Up. du disciple Paingala
Le sage Yajnavalkya donne un enseignement au sage Paingala. Il expose, avec la logique et la précision rigoureuses du Samkhya, la Création universelle, puis celle de l'humain, indiquant les principales clés du fonctionnement physiologique et les étroites correspondences macrocosme-microcosme. C'est un manuel condensé de physiologie occulte, qui livre les clés de la conscience, laquelle peut seule mener à Kaivalya (émancipation par identification sans retour à Brahman). Puis sont traitées les Maha Vakyas (grandes sentences, qui font office de mantras) des Védas, telles que “Aham Brahmasmi”, suivies d'un traité concis mais complet de méditation et de samadhi; puis sont abordés finalement les devoirs et le comportement des Jnanins, sages ayant atteint la Connaissance parfaite.
Cette Upanishad, très dense, aborde avec une concision rigoureuse la totalité des enseignements sur la Voie vers la Libération, et ses concepts clés. C'est donc un parfait memento.

Pancha Brahma Upanishad - Up. des Cinq Brahmas
Révèle les cinq étapes par lesquelles le ParaBrahman s'est déployé et a évolué, élaborant une doctrine des cinq Brahmans qui mène à la réalisation de Shiva-Hridaya, Celui qui se tient à l'intérieur du cœur de tous les êtres. « Après avoir compris la doctrine de l'âme selon les Cinq Brahmas, on doit réaliser que toute forme procède d'eux. Celui qui étudie cette doctrine de l'âme selon les Cinq Brahmas parviendra lui-même à l'illumination des Cinq Brahmas. ».

Pranagnihotra Upanishad - Up. du Sacrifice offert au Feu du Prana
Cet enseignement marque le passage d'une conception purement rituelle de l'Agnihotra, le rituel domestique quotidien, à une conception spiritualisée où, les dieux étant tous incorporés aux essences subtiles de ce corps physique, le sacrifice est purement intériorisé, donc bien plus efficace au plan de la purification physique, psychique et karmique. La cérémonie sacrificielle devient plus complexe, plus longue, car il s'agit à proprement parler d'une rénovation de l'être entier, qui doit intérioriser tous les objets et toutes les entités présidant habituellement au sacrifice public. La libération est assurée en fin de vie, aussi sûrement que le trépas à Bénarès entraîne la libération immédiate.

Sariraka Upanishad - Up. du corps
Différents aspects de la physiologie occulte du corps humain selon le Samkhya.

Sarva Sara Upanishad - Up. de l'Essence universelle
Cette Upanishad tardive propose un abrégé de la doctrine du Védanta. Elle se contente d'énumérer les vingt-trois concepts essentiels du Védanta, les mettant en interrogation, puis les explique de façon concise, quasiment en raccourci mnémotechnique, en puisant dans le corpus des Upanishads anciennes. Mais loin d'être une simple redite de définitions empruntées, elle adopte une présentation séquentielle de l'évolution de la conscience, depuis l'identification au corps jusqu'à l'éveil en l'Atman suprême, Paramatman.

Savitri Upanishad - Up. de Savitri, le principe féminin solaire
Savitri est le Soleil, Surya, en tant que Procréateur et Nourricier, mais aussi l'essence de la Parole magique, laquelle inclut notamment le fameux Gayatri Mantra, l'ode au Soleil matinal. L'Upanishad enseigne à distinguer Savitar (principe mâle) et Savitri (principe femelle) dans les éléments cosmogoniques et à tout niveau de la création, car « l'un et l'autre sont deux sources jumelles, qui forment un couple ». Quant au double mantra Bala et Atibala, il assure l'immortalité dans le royaume solaire de Savitri !

Skanda Upanishad - Up. de Skanda
Dans cette brève Upanishad, qui provient du Yajur Véda mais pourrait tout aussi bien être extraite du Skanda Purana (dans lequel le dieu relate lui-même sa naissance, sa vie, ses exploits, sa nature et celle de son père Shiva), Skanda vise à concilier les cultes de Shiva et de Vishnu, tous deux n'étant que des expressions finalement identiques du principe unique, Brahman.

Subala Upanishad - Up. du Sage Subala
Cette Upanishad adopte la mise en abîme d'un enseignement, empruntant le procédé favori des contes hindous : Subala, le sage éponyme, nous transmet l'enseignement qu'un certain Raikva obtint de Brahman en personne ! En 10 leçons d'inégale grandeur, un vaste tour d'horizon est accompli, Brahman nous aura menés du point de départ de l'Univers manifesté (sans oublier de mentionner le modus operandi de sa dissolution finale), jusqu'à Brahmavidya, la Connaissance parfaite et toute-accomplie, dans une présentation concise et originale des énergies spirituelles majeures : 1) Création et dissolution de l'univers – 2) le Quatrième principe et l'anatomie occulte – 3) Narayanaya, le Seigneur du Non-manifesté, est le Purusha, le Grand Homme cosmique – 4) nature du Régent interne – 5) le Soi dans le corps – 6) la Voie vers les mondes supérieurs – 7) le Samadhi – 8) Mrityu, la Mort – 9) brûler les Principes de base – 10) conférer Brahmavidya.
Cet enseignement nous semble beaucoup trop bref, et nous laisse sur notre faim... Shankara fait allusion à cette Upanishad, que cite son disciple direct Suresvara; Shri Ramanuja, quant à lui, la considérait comme une des Upanishads fondamentales.

Shuka Rahasya Upanishad - Up. de la Doctrine secrète de Shuka
La connaissance de Brahman (Brahmavidya ou Brahman Jnana) est ici la doctrine secrète, fondée sur des mantras accompagnés de gestes bien précis, que Shiva enseigna jadis à Shuka le Narrateur, fils de Vyasa le Compilateur. Et à son tour, le dieu Brahma la transmet – par cette Upanishad – à un groupe de sages. L'essentiel de cet enseignement repose sur les quatre fameuses maximes : « TAT TVAM ASI » (Toi aussi, tu es Cela); « AYAM ATMA BRAHMA » (Ce Soi est Brahman); « PRAJNANAM BRAHMA » (La conscience est Brahman), et « AHAM BRAHMASMI » (Je suis Brahman).

Surya Upanishad - Up. du Soleil
Très brève Upanishad qui expose le rite dédié au Soleil, incorporant la Gayatri (salutation au Soleil), qui reste le mantra le plus largement pratiqué de nos jours encore. La divinité solaire y apparaît sous 3 de ses aspects majeurs : Surya, le Brillant, Aditya, Fils de l'Étendue primordiale, et Savitar, le Nourricier.

Svetasvatara Upanishad - Up. du Sage Svetasvatara
Apparue entre 400 et 200 av. J.-C., cette Upanishad est l'une des plus anciennes, et met en scène le sage éponyme Svetasvatara (“qui possède une mule blanche”) qui expose une doctrine très proche du shivaïsme, et son enseignement tisse un va-et-vient constant entre un Brahman envisagé du point de vue théiste, où Rudra est la figure essentielle, et la notion fondamentale de Maya (l'illusion), tout en ménageant une place importante à la figure personnalisée de Brahman (qui est ici bien moins abstrait que dans les autres Upanishads) et en insistant sur la dévotion, bhakti. Si l'approche est ici moins philosophique, elle est souvent bien plus poétique, et au point de vue stylistique, c'est une œuvre de grande beauté, dont la réputation est bien établie. Parce qu'il relie si exhaustivement le concept de Brahman à la psychologie usuelle de l'être humain, au moyen de nombreuses métaphores empruntant à la vie dans la matière, ce texte peut admirablement accompagner l'aspirant occidental, pris entre ses obligations quotidiennes et sa recherche personnelle.

Vajra Suchika Upanishad - Up. de la Pointe de diamant
La pointe de diamant – métaphore de l'esprit intensément concentré et lucide – sert ici à transpercer les préjugés solidement ancrés, qui répandent le faux savoir qu'on naît dans la caste des brahmanes par un mérite karmique accumulé au cours des existences antérieures. C'est donc la légitimité de la notion de caste reposant sur le mérite et la valeur individuelle qui est ainsi taillée à l'emporte-pièce. Le brahmane authentique est bel et bien celui – quelle que soit sa caste d'origine, et qu'il soit même né d'un animal, comme certains des Sages mythiques – qui a réalisé l'union avec l'Atman, car c'est ce dernier qui médite sur le Brahman, dont il partage les caractéristiques et la nature essentielle.

 

13 Upanishads de Shiva


Atharvashikha Upanishad - Up. du Sage Atharva sur la Transcendance
Le sage Atharva donne un enseignement à de grands sages, tels Pippalada, Angiras et Sanatkumara. Met l'accent sur la nécessité de méditer sur le Pranava (AUM) et ses bienfaits.

Atharvashiras Upanishad - Upanishad initiale de l'Atharva
Insiste sur le caractère sacré de la lettre “OM”. Enseigne également que la forme de Rudra est aussi celle du Pranava (OM).

Bhasma Jabala Upanishad - Up. de Jabala sur les cendres sacrées
Shiva en personne enseigne au Sage Bhusundha comment les cendres sacrées (Bhasma) doivent être préparées, et de quelle façon les porter. Sont inclus dans ce rite de nombreux mantras, ainsi que les devoirs quotidiens du fidèle, et les risques encourus en cas d'omission. Certaines règles concernant les graines Rudrakshas sont brièvement données. Enfin, en un discours puissant, Shiva se présente dans toute sa grandeur et sa puissance, et fait l'éloge de sa ville consacrée, Bénarès, qui est l'endroit le plus propice où mourir.

Brihad Jabala Upanishad - Up. de la grande Jabala
C'est de nouveau le Sage Jabala, rencontré maintes fois, auteur éponyme de la Bhasma Jabala Upanishad et de la Rudraksha Jabala Upanishad, peut-être identique au Jabali de l'Upanishad éponyme, qui signe cette Upanishad-ci. Et de nouveau, son nom est lié à l'importance des cendres sacrées (vibhuti) dans le culte de Shiva. Nous retrouvons également le sage Bhusunda, de la lignée de Jabali, qui mène l'enquête auprès des dieux et des grands Sages.
Ici, Jabala s'exprime de nouveau sur ce thème des cendres sacrées, articulant son discours en huit brèves Brahmanas (manuel d'instructions rituelles). Dans le Brahmana II en particulier, mais aussi ailleurs, de nombreuses allusions sont faites – mais restent voilées – aux centres d'énergie (chakras) et à l'éveil de l'énergie divine, Kundalini (et ici, la méthode des cendres est une alternative rapide au long travail yoguique). Enfin, l'avant-dernier Brahmana apporte des compléments d'information sur les vertus des graines Rudrakshas.

Dakshinamurti Upanishad - Up. du Maître de Sagesse
Dakshinamurti est l'aspect le plus serein de Shiva, celui du Maître suprême transmettant aux grands Sages et aux dieux toute la Connaissance, notamment le Yoga, la musique et la danse, la Sagesse (Jnana), et l'exégèse des Écritures. Dans cette brève Upanishad, l'enseignement du Dakshinamurti mantra est transmis par le légendaire Sage Markandeya, qui – ayant été voué à la mort à l'âge de seize ans – obtint de Shiva qu'il conteste le décret de Yama et l'emporte sur la décision du dieu de la Mort.

Ganapati Upanishad - Up. de Ganapati, le dieu-éléphant
En quelques pages, cette Upanishad nous présente assez exhaustivement le dieu mi-homme mi-éléphant, Ganesh, symbole de l'identité macrocosme-microcosme, et surtout elle nous introduit dans les premiers arcanes de son culte tantrique. Le dieu plaisant, voire amusant, se révèle un puissant symbole aux multiples niveaux de lecture. Quant à la relation dévotionnelle à Ganapati, elle entraîne maints avantages, dont une assurance de réussite en toute entreprise, ce qui libère une grande sérénité face aux aléas et impondérables... On comprend qu'il soit un des dieux favoris de l'Inde contemporaine !

Jabali Upanishad - Up. du Sage Jabali
Très brève Upanishad traitant de Pashupati, Shiva en tant que Maître du troupeau des créatures vivantes. Préparation et port des cendres sacrées, leur symbolisme.

Kaivalya Upanishad - Up. de l'Indépendance absolue
Brahma enseigne la connaissance du Brahman au sage Ashvalayana. Bien qu'Adhi Shankara n'écrivit de commentaires que pour 10 Upanishads, il la considérait aussi comme une Upanishad importante. Explicite l'étape où se trouve en vérité le chercheur. La voie indiquée passe par la méditation et la dévotion. Métaphore considérant le chercheur comme la planche et le OM comme le bâton qui tourne en rotations sur la planche et produit l'étincelle de feu.

Kalagni Rudra Upanishad - Up. de Rudra à la flamme destructrice
Brève Upanishad, où Kalagni Rudra instruit le divin Sanat Kumara au sujet de la triple marque de consécration à Shiva, tracée en cendres. Le sujet est donc celui de la Bhasma Jabala et de la Jabali.

Pashupata Brahmana Upanishad - Up. de l'Hymne spéculatif sur le Maître du troupeau
La connaissance extérieure, c'est-à-dire induite par les perceptions sensorielles, est placée sous la tutelle de Shiva sous son aspect Pashupati, le Seigneur de tous les êtres vivants. C'est donc, en un raccourci extrême, le chemin du retour vers l'Un, qui est résumé : l'univers entier est en réalité un, et la différentiation est une erreur.

Rudra Hridaya Upanishad - Up. du Cœur de Rudra
Shuka demande à son père, sage très réputé, quel Dieu existe en tous les dieux (devas) et en quel Dieu tous les dieux existent. La réponse de cette Upanishad le désigne comme Rudra (Shiva), tout en mettant l'accent sur l'identité fondamentale des diverses figures divines, qui sont toutes des expressions de l'Unique. Tout est Shiva, tout est Non-dualité (Advaita), tout est Unicité absolue. On trouve dans cette Upanishad une nouvelle expression de la fameuse parabole des deux oiseaux, rendue très célèbre par la Mundaka Upanishad.

Rudraksha Jabala Upanishad - Up. de Jabala sur les graines de Rudraksha
Dans cette Upanishad qui traite exclusivement des Rudraksha, ces graines nées des larmes du dieu Rudra, dont on fait des rosaires et des ornements sacrés, Shiva-Kalagnirudra révèle au sage Bhusunda les vertus de ces graines, l'art de les porter et les bénéfices qu'elles assurent. Les Rudrakshas sont toujours très prisées, c'est l'ornement le plus répandu et l'objet de culte le plus proposé à la vente un peu partout... aussi ai-je ajouté une annexe, Vertus des graines Rudrakshas selon l'usage contemporain, à la fin de l'Upanishad.

Sarabha Upanishad - Up. de l'Homme-Lion-Aigle
Sarabha est la forme composite homme-lion-aigle que Shiva prit pour maîtriser l'orgueil destructeur de Vishnu sous sa forme Narasimha (l'homme-lion). Plaisante par son inspiration mythologique, cette Upanishad miniature témoigne de l'extrême diversité de genres littéraires regroupés sous le terme Upanishad.

 

9 Upanishads de Shakti


Annapurna Upanishad - Up. d'Annapurna, la Dispensatrice des nourritures
Cette Upanishad est une riche et complexe présentation (en 36 pages annotées) du don sublime de la Déesse sous son aspect éminemment bienveillant : la Pourvoyeuse généreuse de nourriture est aussi la pourvoyeuse de l'émancipation intégralement accomplie. Et c'est le sage Ribhu qui enseigne au sage Nidagha la doctrine dont lui fit don la Devi (déesse) Annapurna, répartie en 5 chapitres.
Chap. I : Pour atteindre à une connaissance de Brahman particulièrement prééminente, le mantra aux 27 syllabes de la Déesse doit être impérativement pratiqué. Celle-ci accorde un darshan (apparition) à son fidèle et lui accorde un vœu. Et c'est la quintuple essence de l'illusion (avidya générée par Maya) qui nous est expliquée... Tout au long de son parcours, cette Upanishad va mêler habilement, parfois poétiquement, expériences personnelles très concrètes et points d'analyse philosophique assez pointus. C'est au Samadhi le plus accompli – donc vécu au plus intime de l'expérience concrète – que nous mène finalement ce premier chapitre.
Chap. II : L'analyse des conditionnements de notre servitude et la mise en œuvre du détachement sont les articulations essentielles d'une pratique qui doit mener à Turiya, le Quatrième état. Le Soi suprême et l'état du Jivanmukta, le libéré vivant, qui s'y tient tout en vivant parmi les hommes, sont minutieusement analysés.
Chap. III : C'est maintenant Videhamukta, la libération post-mortem, qui intrigue Nidagha. Mais Ribhu revient fermement à Jivanmukta, et c'est un véritable sermon, sévère et rigoureusement précis dans ses exigences, qu'il adresse à son disciple. Le mental doit vaincre le mental jusque dans tous ses rouages subtils, car seul Tat, Cela, l'indescriptible Réalité, vaut la peine d'être explorée, habitée, et il faut s'y installer.
Chap. IV : Nidagha s'enquiert des fameux Siddhis, les pouvoirs occultes, car ils n'apparaissent pas chez l'être parfait. En effet, ils sont recherchés par les non-connaisseurs du Soi. Voici donc ce qu'est un vrai connaisseur du Soi : ayant réalisé l'irréalité fondamentale du monde, et accompli la rupture totale des nœuds du cœur, le libéré vivant est quasiment mort. Suivent de subtiles comparaisons d'avantages entre les deux statuts, Jivanmukta et Videhamukta. Un tel souffle épique anime l'éloquence de Ribhu que, de nouveau, la libération du Jivanmukta nous semble l'état le plus agréable et le plus enviable qui soit ! Comment vivre et jouir de la vie quand on est un mort-vivant, est un paradoxe superbement exploré dans la suite de ce chapitre.
Chap. V : À ce stade, Ribhu reprend les points déjà approfondis, et les retravaille, les envisageant sous des angles toujours nouveaux, donnant par l'exemple la preuve que la réalisation est un état qui demeure extrêmement créatif et perpétuellement renouvelé ! Restons sur ces magnifiques paroles : « Ô deux fois né, accomplis les gestes quotidiens tout en restant en sommeil profond durant l'état de veille. Ayant intérieurement renoncé à tout, agis extérieurement en fonction des circonstances. » (V-116). Car, en réalité, la nourriture spirituelle que pourvoit Annapurna donne la vie immortelle en Brahman.

Bhavana Upanishad - Up. de Bhavani, la Dispensatrice d'existence
S'étend sur un aspect important de Srividya Upasana (méditation sur la Connaissance personnifiée par Brahman et/ou la déesse Tripura). Ici, c'est plus exactement le Shri Chakra, le yantra de la Grande Déesse, Parashakti, qui est analysé dans ses structures symboliques successives. Fouillée, mais peu claire pour qui n'est pas féru de shaktisme, cette Upanishad illustre le riche foisonnement des cultes liés à la Grande Déesse, ainsi que le chevauchement des notions philosophiques et mythologiques, qui semblent inépuisablement engendrées au fur et à mesure des textes !

Bahvricha Upanishad - Up. de Bahvricha, Celle qui incarne les Védas
Cette brève mais très belle Upanishad nous présente une facette moins connue de la Grande Déesse, celle qui est l'origine de la Création, la Shakti à son état primordial. Puissance créatrice à l'état pur, elle est en conséquence assimilable à Brahman, au mantra Om, ainsi qu'à Rich, l'ensemble des strophes védiques (d'où son nom de Bahv-richa). Puisque tous les dieux et les créatures vivantes tirent leur origine d'Elle, l'importance du Shri Vidya est soulignée, ajoutant quelques conseils sur le culte et la pratique qui lui sont liés.

Devi Upanishad - Up. de la Déesse
La Devi (Grande Déesse) se dévoile aux devas (dieux). Elle leur enseigne le Panchadasakshari et le Navakshari mantra afin qu'ils procèdent à son culte.

Sarasvati Rahasya Upanishad - Up. de la doctrine secrète de Sarasvati
Le sage Asvalayana donne un enseignement à d'autres sages, qui inclut les 10 mantras de Sarasvati et les méthodes de culte adéquates. Puis une seconde partie, toujours en strophes, approfondit la doctrine en présentant l'aspect ésotérique de Sarasvati, qui est alors la Shakti de Brahman, et non plus de Brahma; c'est Sarasvati elle-même qui prend la parole, depuis le shloka 46 jusqu'à la fin. Cette Upanishad constitue essentiellement un apport philosophique aux doctrines du Shaktisme, démontrant le rôle fondateur de la Parole (Sarasvati, Vak, etc.) dans la Création : c'est le pouvoir de Sarasvati qui se métamorphose en Maya et Prakriti, lesquelles suscitent les conditions propices à la manifestation des trois mondes. Les deux pouvoirs de Maya, projection et obnubilation, sont clairement expliqués (et cette Upanishad semble la seule à aborder ce thème). Sarasvati est bien Adi Shakti, la Puissance divine primordiale, et en elle est recelé le mystère de Tat, Cela, l'Absolu dont rien ne peut être dit.

Saubhagya Lakshmi Upanishad - Up. de Lakshmi, qui donne chance et prospérité
Le dieu Narayana, Seigneur suprême, donne ici trois enseignements aux dieux assemblés autour de Lui, à commencer par le culte adéquat à rendre à Saubhagya Lakshmi, la Pourvoyeuse de richesses et d'abondance. Le culte tantrique de cet aspect de la Grande Déesse est brièvement abordé. Puis, c'est le Quatrième état, celui de l'éveil, qui est examiné, avec les pratiques de Yoga qui y concourent. C'est donc un stade avancé de la réalisation qui est ici concerné, et les signes annonciateurs de l'éveil sont finement élucidés. Enfin, ce sont les centres subtils ou chakras, qui sont brièvement évoqués: ils sont neuf, car aux sept chakras bien connus, sont ajoutés deux chakras intermédiaires, non nommés. (Ne pas se laisser troubler par cette nouvelle nomenclature, qui semble contredire celle qui nous est devenue familière; l'essentiel est toujours sauvé, les énergies sont identiques, de même les buts et les modalités de développement.)

Sita Upanishad - Up. de Sita, la Fidèle
Brahma renseigne les Devas sur l'identité de Sita. Elle est l'Adhara Shakti (la base qui tient lieu de fondation) sous une forme féminine. Il dévoile également ses différents aspects.

Tripura Upanishad - Up. de Tripura, déesse de la Triple Cité
Cette brève présentation de Tripura, la Grande Déesse des trois cités, ou des trois mondes, peut être considérée comme un prélude à la Tripura Tapini Upanishad qui, elle, donne un enseignement tantrique riche, rigoureux et approfondi. Effleurant de nombreux aspects de la Déesse et de nombreuses correspondances symboliques et occultes, celle-ci glisse sans détails ni explications, et bien que charmante par son style, elle reste une énigme poétique.

Tripura Tapini Upanishad - Up. du Feu occulte de Tripura
Tripura, la Déesse des trois cités (ici, vaut également comme métaphore des trois mondes), est présentée d'emblée comme la Shakti de Sadashiva, l'Être primordial. Et c'est dans le contexte des pratiques tantriques les plus approfondies que cette Upanishad nous mène, à travers bien des méandres autour de l'union Shiva-Shakti, dont les symboles sont multiples et se chevauchent infiniment... cette Upanishad est donc complexe, mais nulle autre ne l'égale en richesse d'enseignement du tantrisme. Elle comporte cinq chapitres, et un index était indispensable pour clarifier la progression de l'enseignement.
La doctrine du Shri Vidya, le grand mantra aux 108 syllabes de la Déesse, est expliquée pas à pas; les trois groupes de syllabes-mantras utilisées pour méditer avec le Shri Chakra Yantra sont d'un usage complexe, et un tableau des correspondances avec le Gayatri Mantra est ajouté, qui clarifie quelque peu les correspondances symboliques à plusieurs niveaux. Ajoutons enfin que cette Upanishad donne un enseignement intégral (théorie et pratique) lisible à deux niveaux (voies de la main gauche et de la droite) : n'est-ce pas Sadashiva, le Seigneur suprême, qui – patiemment et avec une rigueur redoutable pour l'entendement humain – délivre ce savoir aux Rishis, ces grands sages-voyants des origines, et aux dieux assemblés à ses pieds ?
La Déesse des trois cités, par ses pouvoirs et sa bienveillance, mène le méditant au séjour de Brahman... que le dernier chapitre présente en aphorismes, souvent originaux ou paradoxaux.

 

14 Upanishads de Vishnu


Avyakta Upanishad - Up. de l'Indifférenciation originelle
Soixante-huitième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Sama Véda et classée comme Upanishad de Vishnu.

AVYAKTA : « invisible, indécelable » - le non-développé; le non-manifesté, l’Indifférencié; l’état causal. Dans cet état, les trois gunas sont en équilibre parfait. Synonyme de Prakriti, la Nature primordiale dans le Samkhya, mais à l'état de virtualité germinative, et non de matérialisation accomplie.
Loin de décrire ou d'explorer la nature de l'Indifférenciation originelle, ce qui serait un exploit, cette Upanishad relate les étapes essentielles de la manifestation, opérée à l'aide du mantra Anushtubh (cf. la première Upanishad de la Nrisimha Purva Tapaniya Upanishad, qui aborde très brièvement ce thème en ouverture). Je reprends ici textuellement la traduction de A.A. Ramanathan, qui s'est appuyé sur les commentaires d'Upanishad Brahmayogin, et sur ceux d'Appayya Dikshita, un brahmane du 18ème, pour trouver le sens d'un texte sanskrit assez opaque en certains endroits.

Dattatreya Upanishad - Up. de l'avatar Dattatreya
En tant que Dattatreya, l'éternel jeune garçon (puer aeternus), le dieu Vishnu livre aux hommes une incarnation de la synthèse des trois cultes principaux : Brahma, Shiva et lui-même, Vishnu. Précocité, vocation exclusive, humanisme et tolérance sont donc incarnés par cet enfant, dont le culte est enseigné dans cette Upanishad.

Garuda Upanishad - Up. de l'Oiseau Garuda
Enseigne la méthode de culte de Garuda, l'oiseau fabuleux qui est le véhicule de Vishnu, qui se résume en une formule magique qui protège des poisons, notamment des morsures de serpents.

Gopala Tapaniya Upanishad - Up. de l'ascèse dévotionnelle à Gopala, le Bouvier
Cette Upanishad tardive (XII-XIIIème siècle) est une illustration parfaite du culte de la dévotion caractéristique du Vishnouisme, et elle allie habilement, comme dans une miniature aux coloris francs et frais, le contexte historico-mythologique de la présence du dieu Krishna parmi les humains, et l'enseignement proprement dit : amour pur et désintéressé de la Divinité, dont la grâce surpasse tous les charmes terrestres, et compréhension de sa nature réelle. Elle est extrêmement réputée dans l'Inde contemporaine, non seulement pour la somme essentielle du Bhakti Yoga qu'elle transmet, mais pour sa richesse mythologique et sa beauté littéraire.
Dans la première partie, des Sages reçoivent l'enseignement du dieu Brahma : caractéristiques du culte, mantras principaux, leur analyse, iconographie divine à reproduire dans la méditation, formules de glorification.
Dans la seconde partie, les Gopis, amantes du dieu Krishna, sur le conseil de celui-ci, traversent le fleuve (métaphore de la voie spirituelle) afin de recevoir l'enseignement du vénérable Durvasa : approfondissement de la connaissance de la Personnalité divine, de ses diverses formes et manifestations, élaboration de son icône intérieure par la méditation, sacrifice de tout ce qui y est étranger, d'où une ascèse dévotionnelle rigoureuse sous ses apparences aimables et fleuries.

Hayagriva Upanishad - Up. du dieu-Cheval, qui donne la Connaissance
Brahma explique à Narada que quiconque médite et voue un culte à Hayagriva (l'un des visages de Vishnu), obtiendra Brahma vidya (la Connaissance absolue). Le mantra pour le culte de Hayagriva est donné.

Kali Santarana Upanishad - Up. pour traverser l'Âge de Kali
Le dieu Brahma enseigne au Sage Narada comment les maux du Kali Yuga peuvent être contrés. Le talisman ? Un mantra de 16 noms, le fameux “Hare Rama Hare Rama Rama Rama, Hare Hare Hare Krishna Hare Krishna, Krishna Krishna Hare Hare”. Le voile de l'âme individuelle est dissous par les seize noms qui dévoilent les seize parties de la Manifestation divine complète; les autres effets puissants de ce mantra sont énumérés.

Krishna Upanishad - Up. de Krishna
Des sages, rencontrant Rama, désirent l'embrasser. Il les fait renaître en Gopis (les bergères bien-aimées de Krishna) et prend lui-même l'avatar de Krishna, afin que les embrassades puissent se renouveler. Cette Upanishad livre la clef des renaissances (qui est qui ?) durant la période du Krishna avatara.

Maha Narayana Upanishad - La Grande Upanishad du Seigneur du Non-manifesté
Dédiée au principe essentiel de Narayana (Vishnu endormi sur les Eaux résiduelles durant le Pralaya cosmique, symbolisant aussi la « Demeure du Savoir »), cette longue Upanishad de 36 pages décrit exhaustivement et de façon fouillée le sacrifice védique de l'Agnihotra, avec tous ses composants symboliques. Présente également le Narayana ashtakshara mantra et ses bienfaits, et de nombreux autres mantras et litanies. Toutes les notions majeures de la Voie sont envisagées tour à tour, avec un accent particulier sur la physiologie occulte du microcosme comme du macrocosme. Les devoirs de l'homme ordinaire et ceux du renonçant sont évalués tour à tour, l'ascétisme étant l'une parmi de nombreuses voies menant à la libération.
Par ailleurs, cette Upanishad éclaire les mécanismes de transfert des attributs d'un dieu à l'autre, montrant la souplesse conceptuelle du polythéisme, qui est issu d'un monothéisme fondamental, et suit le mouvement de la Création elle-même. La connaissance cosmogonique apparaît ainsi comme une condition fondamentale de la remontée vers l'Unique, vers la Libération absolue.

Nrisimha Tapaniya Upanishads - Up. de l'ascèse dévotionnelle à Narasimha, l'Homme-Lion
Composée de deux parties, Purva (exotérique, élémentaire) et Uttara (ésotérique, approfondie), cette longue Upanishad (en fait un ensemble de six upanishads) vise essentiellement à établir la nature de la Réalité absolue, abordée par le biais du culte dévotionnel à Narasimha, élu comme Divinité suprême et comme source de la conscience supérieure incarnée en chaque individu.
La Purva Upanishad est constituée de cinq brèves Upanishads, toutes consacrées à une analyse approfondie du symbolisme du mantra de Narasimha, considéré comme le Roi des Mantras. À noter que l'analyse symbolique est ici bien plus approfondie que dans les autres Upanishads consacrées au culte d'une divinité; et la progression du culte dévotionnel (Bhakti) à la doctrine moniste des Upanishads (Védanta) est bien plus claire qu'ailleurs, s'appuyant – une fois de plus – sur la syllabe sacrée Om.
L'Uttara Upanishad – que l'on considère comme la finale d'un ensemble de six upanishads – continue à se référer au mantra de Narasimha, mais en s'appuyant sur l'identité entre celui-ci et l'Atman, aboutissant à l'équation Narasimha-Atman-Om-Brahman. Ici, plus qu'en de nombreuses autres Upanishads, le raisonnement philosophique s'approfondit et introduit des arguments originaux, jamais ou rarement rencontrés auparavant. Et, chose appréciable, l'équivalence Brahman-Atman est expliquée avec une logique rigoureuse, déployant dans le neuvième et dernier chapitre une subtilité et une profondeur de vue remarquables. Ici, ce sont les dieux qui bénéficient de l'enseignement de Prajapati, le Seigneur des créatures, et de l'avis-même de Prajapati, ils vont rester timorés et de ce fait impuissants à voir que leur identité réelle est l'Atman, comme elle est celle du Om : «  Nous le voyons, ô vénérable Seigneur, et cependant ne le voyons pas ! »

Rama Rahasya Upanishad - Up. de la Doctrine secrète de Rama
Cette Upanishad, extraite de l'Atharva Véda, est la source scripturaire qui fait autorité en ce qui concerne le culte de Rama. [Note des traducteurs anglo-indiens].
Purement technique, elle expose minutieusement les nombreux mantras utilisés dans le culte de Rama, les bienfaits qu'ils engendrent, ainsi que les invocations. Elle décrit aussi la méthode rituelle du Yantra de Rama. C'est donc un cours complet de rituel et, comme tel, ne sera d'intérêt qu'à titre d'exemple de ce ritualisme minutieux et complexe. De très nombreuses épithètes de Rama, de noms mythologiques, de termes souvent vus ou n'apparaissant que dans ce contexte spécifique, se succèdent d'un shloka à l'autre. Pour ne pas alourdir les notes, je les ai résumées à l'indispensable. La plupart des termes figurent dans le glossaire. Par ailleurs, beaucoup d'informations peu claires, voire sans aucun sens pour un occidental qui ne pratique pas ces rites, sont fournies dans cet Upanishad, dont il n'existe aucun commentaire.
À noter que l'enseignement est donné par le singe Hanuman, grand dévot de Rama parvenu à l'accomplissement ultime, et qu'à la tête de ses auditeurs, se trouve Sanaka, l'un des quatre Kumaras, fils divins de Brahma.

Rama Tapaniya Upanishad - Up. de l'ascèse dévotionnelle à Rama
Composée de deux parties, Purva (exotérique, élémentaire) et Uttara (ésotérique, approfondie), cette longue Upanishad vise essentiellement à établir la nature de la Réalité absolue, abordée par le biais du culte dévotionnel à Krishna-Gopala, élu comme Divinité suprême et comme source de la conscience supérieure incarnée en chaque individu. Une adéquation totale entre Gopala et le but ultime des Védas est affirmée et étayée par l'identité fondamentale entre le Pranava Om et l'essence de la Divinité suprême.
Cette longue Upanishad, qui date probablement du XIIIème ou XIVème siècle, jouit depuis longtemps d'un statut privilégié parmi les adeptes du Vishnouisme et du Bhakti Yoga, à qui elle fournit un modèle-cadre dévotionnel exemplaire.

Tara Sara Upanishad - Up. de la Traversée des eaux
Cette brève Upanishad enseigne la sainteté du Kurukshetra (champ de bataille célèbre de la Bhagavad Gita, métaphore des combats moraux et du dharma des hommes et des dieux), et le transpose dans le ghat sacré de Bénarès, où est délivré au mourant, par le dieu Rudra, le Taraka mantra, dit “de la traversée”. À partir de ce mantra et du pranava Om, l'Upanishad expose la méthode du culte de Narayana, le Seigneur du Non-manifesté.

Tripadvibhuti Mahanarayana Upanishad- Up. de la Manifestation divine en trois pas du Seigneur Narayana
En quatre citations extraites d'Upanishads provenant de chacun des quatre Védas (sans toutefois donner la source précise), cette Upanishad tente une synthèse de tout l'enseignement sur la nature essentielle de l'Être suprême, Narayana (aspect cosmique de Vishnu). Expose la vertu du Pranava Om à résoudre l'écart entre le Seigneur et les créatures, ainsi que le Narayana mantra.

Vasudeva Upanishad - Up. de l'Omniprésent
Explique la signification de l'Urdhva Pundra, l'emblème porté par les Vaishnavites (Vishnouïtes), y ajoutant les règles à suivre pour le porter.

 

16 Upanishads du Renoncement


Aruni Upanishad - Up. du Sage Aruni
Prajapati, aspect de Brahma, le Créateur, donne un enseignement au sage Aruni, venu lui demander comment se libérer des chaînes karmiques. Seul le renoncement absolu peut mener à la libération définitive (Nirvana). Cette Upanishad, brève mais compacte, éclaire en détail les injonctions de vie pour un Brahmacharin (étudiant sous vœu d'abstention) et pour un Sannyasin (renonçant engagé dans la vie errante).

Avadhuta Upanishad - Up. de l'ascète balayé par le vent
Dattatreya, le grand Avadhuta (stade de réalisation au-delà de celui du Parama Hamsa), enseigne au sage Sankriti la nature de l'Avadhuta, son fonctionnement et son comportement.
Dans cette Upanishad, la notion de l'Avadhuta rejoint celle du Hamsa, l'ascète-cygne, car la métaphore de l'oiseau de l'âme est celle qui vient le plus spontanément à l'esprit : le Soi à la recherche du Soi suprême est tel un oiseau qui, bien au-dessus de la vie des hommes, a quitté ses attaches sociales pour partir à la recherche du Brahman; l'âme est un oiseau qui migre, libre, sans attaches, parcourant l'immensité céleste pour trouver le séjour suprême. Plus précisément, cette Upanishad pousse la métaphore jusqu'à associer quatre types de béatitude (joie, délices, délice extrême, félicité suprême, qu'il connaît au fur et à mesure de sa réalisation) aux parties constitutives de l'oiseau.
Suit un monologue alerte et savoureux où l'Avadhuta se présente lui-même, tout en se comparant sans fausse modestie à l'homme profane, l'ignorant. La liberté infinie dont jouit celui qui a entièrement réalisé le Brahman permet notamment à notre ascète Avadhuta de poursuivre, par pure compassion pour ceux qui cherchent la libération, des activités dans l'enseignement de la voie, de faire les gestes ordinaires de n'importe quel sannyasin, tout en restant dans une perpétuelle absorption en Brahman.

Bhikshuka Upanishad - Up. du Moine mendiant
Définit les 4 types de Sannyasin : les renonçants Kutichakas, habitant des huttes, les Bahudakas, habitant les abords d'eaux sacrées, les Hamsas, les Cygnes itinérants, et les ParamaHamsas, les Cygnes suprêmes ayant renoncé à leur conscience corporelle.

Brahman Upanishad
Enseigne comment le grand Maître de Sagesse (Brahman) réside dans notre corps subtil et s'en extrait dès que nous abandonnons la vie du monde, pour mener une vie au-delà des rituels, où les différenciations se sont estompées.

Jabala Upanishad - Up. du Sage Jabala
Compilée par le sage Jabala, cette Upanishad résume cinq dialogues instructifs entre le sage Yajnavalkya et divers chercheurs spirituels: ainsi, à Brihaspati, le précepteur des dieux, sera dévoilée la notion d'Avimukta, pouvoir rédempteur de Shiva ancré dans le périmètre sacré de certains ghats de Bénarès, mais aussi dans l'espace inter-sourcilier, où le dieu ouvre le troisième œil de ses fidèles... puis le mantra Satarudriya est brièvement recommandé. C'est ensuite les principes du renoncement (sannasya) qui sont subtilement réinterprétés, avec prééminence des sacrifices par le feu (ou l'eau) comme introduction et finalisation du sannyasa. En clôture, une effusion lyrique sur la nature des Cygnes suprêmes, ces grandes âmes parfaitement réalisées !

Kundika Upanishad - Up. du pot à eau de l'ascète
Comment doit vivre l'ascète et quelles possessions sont licites pour le Sannyasin ? Un traité complet d'ascétisme dans cette petite Upanishad du renoncement, qui donne en outre des mantras propices à la réalisation de l'Atman.

Maitreya Upanishad
Le Seigneur Parama Ishvara donne un enseignement au sage Maitreya. (Non, il ne s'agit pas ici du Bouddha à venir, que tant de gens attendent...) Dans une large mesure, l'enseignement donné par la Maitrayani Upanishad est ici repris. En supplément, Ishvara lui dévoile en détail 'sa forme sans forme', son essence absolue.

Narada Parivrajaka Upanishad - Up. de Narada, l'ascète errant
Cette très longue Upanishad (50 p.) présente tout d'abord le divin Sage Narada, qui passait pour l'un des avatars secondaires de Vishnu et représentait une double perfection : celle de la Bhakti, l'amour divin, et celle du moine errant, qui déambule sur terre pour répandre largement les influences subtiles des qualités du divin qu'il incarne lui-même. Elle s'articule en neuf enseignements, accomplissant un tour magistral entre l'alpha et l'omega de la voie du retour au divin : les réunions spirituelles dans des lieux sacrés, où les chercheurs humains captent les émanations subtiles du divin, et la maîtrise absolue des virtualités de l'Atman, qui peut alors parvenir à Brahman et résider définitivement en lui. Ici, c'est la forêt de Naimisha qui prélude à la magistrale expansion de conscience qui va avoir lieu : lieu magique autant que mythique, à partir duquel quelques sages, touchés par la grâce de Narada, vont faire avec lui le voyage jusqu'au séjour de Brahma, donc vers un plan céleste, pour y apprendre l'essence authentique du renoncement, transmutation quasi alchimique de leur âme incarnée en pur Soi absolu.

Nirvana Upanishad
Enseignement approfondi sur la voie du Renoncement (Sannyasa marga) qui mène au Nirvana (libération béatifique et définitive). L'enseignement, ici, n'est pas une démonstration suivie, comme d'usage, mais consiste en une succession d'aphorismes bien frappés, dont certains fortement paradoxaux, décrivant la nature réelle de la relation possible entre le yogi et Brahman. C'est également un guide illustratif de la vie d'un parfait yogi.

ParaBrahman Upanishad - Up. de Brahman le Suprême
Cette Upanishad reprend les personnages et les thèmes de la Brahman Upanishad, en les plaçant dans une perspective plus abstraite, mais aussi plus technique. Elle vise essentiellement à transmettre la nature de Brahman le Suprême, condition indispensable pour entrer dans le renoncement absolu. Il faut tout d'abord tirer au clair les rapports du Jiva et de Brahman dans les quatre états de conscience, et comprendre l'identité fondamentale de ces deux entités apparemment distinctes (shloka 2). Il faut saisir que l'on doit passer de la touffe sacrificielle et du cordon sacré matériels, à leur équivalent spirituel (shloka 3). Puis, ayant analysé les principales caractéristiques d'avidya, l'ignorance (shloka 4), on examine les centres subtils du corps qui sont les ouvertures entre le Jiva et les plans de conscience supérieurs, le lien entre ceux-ci étant symbolisé par le BrahmaSutra, le cordon sacré du plan intérieur. La triade divine (ou Trimurti) est à méditer en rapport à Brahman, menant à la saisie des neuf Brahmans. Suit une analyse des composants du BrahmaSutra, dévoilant une science approfondie des tattvas, ces catégories de l'être, pour aborder l'identité du BrahmaSutra avec le Pranava Om et le Hamsa Mantra. Le triple Brahman peut être enfin réalisé (shloka 5). L'ascète est entièrement né... nu de tous les signes extérieurs de consécration. Le cordon sacré véritable le relie à Jnana, la sagesse spirituelle.

ParamaHamsa Upanishad - Up. du Cygne suprême
Une discussion entre le sage Narada et Brahma, le dieu créateur, sur l'identité du Paramahamsa (littér. cygne suprême: sannyasin parvenu à l'ultime étape) et les moyens de reconnaître de tels êtres, par ailleurs extrêmement rares, tant les conditions sont rigoureuses et exigeantes. Le dénuement volontaire, et le renoncement psychologique tout autant, sont en effet quasi absolus à ce stade du Sentier.

Paramahamsa Parivrajaka Upanishad - Up. de l'ascète devenu Cygne suprême
Le dieu Brahma apprend de son père, Vishnu-Narayana, les caractéristiques du Cygne suprême, l'ascète Paramahamsa. La voie solennelle du renoncement est présentée dans tous ses détails. Il est surprenant d'apprendre ici que seul le deux-fois né est habilité aux sacrifices initiaux; les autres ont au choix divers modes de mort volontaire non violente, confiée aux soins du karma : combats guerriers, inanition, épuisement sur la route... le renoncement purement intérieur étant réservé aux grands malades ! Avant d'abandonner à tout jamais les rituels, il est néanmoins de rigueur d'accomplir certains sacrifices et de respecter certains dé-gagements préalablement à l'en-gagement. Notamment vis-à-vis des proches et de la communauté à laquelle on a appartenu.
L'Upanishad insiste sur les caractéristiques morales et psychologiques du renonçant. Après mûre évolution sur la route du dépouillement intégral, « Lorsqu'il aura atteint à un détachement suffisant, il pourra devenir un ascète Kutichaka, Bahudhaka, Hamsa ou Paramahamsa. »
Puis elle explore méthodiquement les seize composants du Pranava Om en Brahman, réfractés en quatre quaternités sur les divers plans d'existence ou de conscience. L'Upanishad envisage ensuite l'omniprésence et l'individualisation par fragmentation du Soi universel, qui dans ce processus apparaît comme une quaternité : Vishva (Totalité universelle), Taijasa (Luminosité), Prajna (Sagesse Toute-connaissante) et Turiya (Transcendance absolue). Là aussi, chaque membre est une quaternité. De même, elle envisage les seize unités sonores du Pranava en Brahman, approfondissant nos connaissances sur Nada, le son mystique, et ShabdaBrahman, le Son primordial. Les Cygnes suprêmes (Paramahamsa), les Transcendants absolus (Turiyatita) et les fous de Félicité (Avadhuta) ont conquis de leur vivant la libération dans l'état désincarné.

Sannyasa Upanishad - Up. du Renoncement
Cette Upanishad, parfois dénommée Brihad Sannyasa Upanishad (la grande Upanishad du renoncement) pour la distinguer de la version tronquée et lacunaire qui figurait sous le titre de Sannyasa Upanishad, est maintenant restituée dans son intégrité. Le premier chapitre provient de la Kantha (ou Katha) Shruti Upanishad, non-canonique.
Ici, je suis fidèlement la traduction du Professeur Ramanathan, et recours parfois aux traductions qu'Alyette Degrâces-Fahd a donnée de la Brihat Sannyasa et de la Kathashruti Upanishads, ainsi qu'à celles de Paul Deussen qui, conscient de travailler sur des textes corrompus, reconnaît que « ici et là, la traduction n'a pu être établie qu'en faisant violence [au texte sanskrit] et ne peut être qu'un pis-aller en attendant qu'une meilleure version de cette Upanishad soit disponible. » Mais on est alors dans les années 1890... La version sanskrite dont je dispose correspond, à de rares variantes près, aux versions suivies par Ramanathan et Degrâces-Fahd.
Est-ce bien cette meilleure version dont nous disposons aujourd'hui ? Quoi qu'il en soit, cette Upanishad est une présentation exhaustive de tout ce qu'implique le parfait renoncement, et – si j'ai choisi de la réserver pour la fin – c'est bien parce qu'elle mérite (à mes yeux et selon mes préférences personnelles) d'être celle qui résonne indéfiniment... comme la nasalisation bourdonnante du Om.

Satyayaniya Upanishad - Up. de l'ascète à la recherche de la Vérité
Traitant des ascètes Vishnouites, l'Upanishad entre d'emblée dans le vif : L'esprit peut devenir la cause de la libération comme de l'attachement. Un brahmane authentique est celui qui est en quête du Brahman. Quatre types de renonçants s'échelonnent, selon leur degré de réalisation, mais tous ont en commun les caractéristiques et les devoirs du renonçant. Ceux-ci sont soigneusement passés en revue, et il est capital de développer les signes intérieurs d'appartenance à Vishnu, qui est ici une forme dévotionnelle plus personnalisée de Brahman. Erreurs et manquements à la règle sont envisagés, avec les sanctions karmiques qu'ils entraînent. Au contraire, conduite droite et ferveur ont pour conséquence la libération de la descendance du renonçant sur trois cent générations ! Les cinq possessions extérieures licites ont pour équivalent au plan intérieur les cinq composants du AUM. Enfin, l'attitude globale (extérieure et intérieure) vis-à-vis du Maître, celui qui a donné l'initiation du Om, lequel est Brahman, est elle aussi capitale. Abandonner l'état de renonçant est une faute gravissime, la libération sera désormais impossible, pas même au bout de dizaine de milliers d'éons !

Turiyatita Avadhuta Upanishad - Up. de l'ascète emporté par la Transcendance absolue
Vishnu Narayana donne un enseignement à son fils, le dieu Brahma, et lui dévoile les signes et les règles qui particularisent l'existence d'un Avadhutha (stade ultime de l'ascétisme, au-delà du ParamaHamsa). Ayant réalisé que le monde n'est en rien différent de son propre Soi, il a renoncé à la moindre possession jusqu'à ce qu'enfin, totalement absorbé en la non-dualité de Brahman, il abandonne son corps, ayant fusionné en le Pranava Om.

Yajnavalkya Upanishad - Up. du Sage Yajnavalkya
Cette Upanishad, des shlokas 1 à 6, reprend le chapitre IV de la Jabala Upanishad, avec quelques variantes. Puis elle emprunte, des shlokas 9 à 23, au Yoga Vasistha, en insistant – hélas, lourdement – sur la misogynie comme composante basique du salut. Seuls quelques apports lui sont propres, et on peut la considérer comme une compilation des principes essentiels du renoncement.

 

19 Upanishads du Yoga


Advaya Taraka Upanishad - Up. de la Traversée vers l'Unique
Cinquante-troisième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Shukla Yajur Véda et classée comme Upanishad du Yoga.

Taraka, la Traversée et le Libérateur, s'applique le plus souvent à un certain Mantra murmuré à l'oreille de celui qui meurt à Bénarès par le dieu Shiva, lui assurant une libération immédiate, mais se réfère aussi au mantra absolu, le OM, qui est par essence le mantra libérateur. Ici, c'est Brahman qui est le “Libérateur”, celui qui assure la Traversée vers Cela, l'absolu (cf. shloka 3). Mais pour parvenir à ce stade, une maîtrise yoguique est requise, car l'aspect visuel de la méditation dont il est ici question constitue en soi une voie. Le Yoga de la Traversée, Taraka Yoga, est ici expliqué avec minutie et clarté.
Indépendamment de la pratique du Shambhavi mudra, il arrive que des phénomènes lumineux (appelés par ailleurs photismes, photescences) apparaissent spontanément, déconcertant ou déconcentrant le méditant. Cette Upanishad l'intéressera tout particulièrement.

Amrita Bindu Upanishad - Up. de la goutte d'ambroisie
Cette Upanishad traite de la conscience en tant que moyen de connaissance de Brahman : lorsque l'état suprême est atteint, le flot d'Amrita, le nectar de félicité et d'immortalité, s'écoule du point Bindu, symbolisé par le point supérieur de la syllabe Om. Elle clarifie l'identité essentielle du jiva, l'âme en incarnation, et de Brahman, dont l'Upanishad expose la nature réelle, entre autres concepts fondamentaux.

Amrita Nada Upanishad - Up. sur le son mystique de l'Immortalité
Cette Upanishad présente une approche nouvelle des moyens de libération, qui s'émancipe des contraintes habituelles. Les textes et la méditation sur les Écritures doivent être dépassés, et la méditation sur le Om doit se concentrer essentiellement sur la réverbération finale, qui symbolise Brahman. Le Yoga se concentre sur six membres, ne retenant que les cinq derniers membres selon Patanjali, consacrés à la méditation, et leur ajoutant Tarka, la réflexion logique. Le travail sur l'énergie vitale est brièvement esquissé, les centres subtils sont présentés simplement, et l'Upanishad enseigne une voie rapide, où la libération est atteignable en six mois.

Brahma Vidya Upanishad - Up. de la Science de Brahman
Avec une solennité parfois cocasse dans un texte aussi bref, l'Upanishad nous parle de la grande sagesse de Brahman, et de la méditation qui vise à l'union avec Brahman, dont le pivot est la syllabe sacrée, Om. Bien connaître sa structure et savoir le laisser vibrer et s'éteindre est primordial, « ... car Cela en quoi disparaît lentement le Om, est Brahman, le Suprême. ».

Dhyana Bindu Upanishad - Up. de la Contemplation sur le Point-semence
En 16 pages denses, ardues en raison de l'accumulation de détails minutieux et de métaphores générales, c'est un enseignement complet sur Dhyana, la méditation contemplative, centrée sur Bindu, le symbole de Turiya, l'état de parfaite réalisation, qui plane au sommet du Om, mais aussi de la semence masculine et féminine... empruntant beaucoup à certains tantras du Shaktisme ! Avec une profusion baroque de détails anatomiques, l'art de l'union sexuelle – maithuna – est subtilement transmué en art de la Réalisation ultime. Mais auparavant, il faut connaître et maîtriser bien des notions, telle la psalmodie du Om, la hiérarchie des chakras et la percée de Kundalini, les mudras et les bandhas qui permettent de fusionner les souffles et d'éveiller les chakras les plus subtils de la région crânienne, etc... Terminant sur une brève évocation des manifestations sonores et visuelles typiques du samadhi, l'Upanishad révèle la voie secrète par où effectuer la percée définitive en Kaivalya, l'extase sans retour.

Hamsa Upanishad - Up. du Cygne
Le sage Gautama enseigne à Sanat Kumara, l'éternel adolescent qui jamais ne s'incarna sous une forme humaine, ce traité sur la nature du Hamsa (l'Âme suprême), avec, bien sûr, l'analyse approfondie du Hamsa mantra, le japa respiratoire spontané. Donne une description compléte et minutieuse des méthodes de méditation, et analyse la nature de l'Âme, ce “Cygne suprême”.

Jabala Darshana Upanishad - Up. de la Manifestation à Jabala
Dattatreya, le grand Avadhuta (stade de réalisation au-delà de celui du Parama Hamsa), enseigne au sage Sankriti les détails de la pratique authentique du Yoga.

Kshurika Upanishad - Up. de l'arme qui tranche
Kshurika signifie couteau effilé, ici métaphore du mental qui tranche l'ignorance au moyen de la lame acérée de la sagesse. Cette Upanishad est probablement très ancienne, car la méthode, complète et originale, qu'elle propose pour parvenir à la libération ne contient aucune description élaborée de l'anatomie subtile et des chakras, ni analyse approfondie du Pranava Om et de sa portée métaphysique. Elle ne propose pas plus d'analyse critique du mental, mais d'emblée le présente comme l'arme propre à trancher les liens qu'il tisse pourtant lui-même avec le corps physique et les sens qui l'animent.

MahaVakya Upanishad - Up. de la Maxime majeure
Confirme que la connaissance authentique du Maha Vakya (grande sentence utilisée comme mantra) “ce Soleil est Brahma” peut être réalisée en chantant l'Ajapa Gayatri. Décrit également la fusion de l'esprit en Brahman.

Mandala Brahmana Upanishad - Up. du Mandala Brahmana
Cette Upanishad est demeurée peu documentée : il n'en existe que cette traduction anglo-indienne de 1914, sous l'égide de la Société Théosophique d'Adyar, sans commentaires. Concentrée et majoritairement axée sur les techniques de méditation et de visualisation, recourant à un maximum de notions yoguiques sans les expliquer ni les développer, cette Upanishad peut représenter une synthèse parfaite des enseignements pour méditants avancés.
Cette Upanishad a ceci de particulier, qu'elle présente de façon détaillée et chronologique les phénomènes visuels qui accompagnent la méditation, en les distinguant selon trois types de pratique (et de but, correspondant grosso modo à la classification débutant-intermédiaire-avancé). Le yoga ici préconisé est, faisant suite à l'incontournable Yoga aux huit membres, une méditation sur son aspect salvateur (Taraka Yoga), utilisant les trois types de visualisation (correspondant aux trois buts : extérieur, médian et intérieur); l'aspect ésotérique en est le yoga de la conscience affranchie (Amanaska Yoga), qui est l'objet de la voie intérieure (Antar Lakshya), et que cette Upanishad développe amplement, du Brahmana I.3 au Brahmana V final. Ici, plus nettement qu'ailleurs, la méthode d'enseignement évoque le schéma de la spirale : à chaque palier de l'enseignement, les notions de base sont reprises, pour être portées à un degré supérieur. Car tel est l'état du yogi parfaitement accompli : « Connaissant par expérience l'état au-delà du penseur (Unmani), le yogi parvient à l'état du suprême Brahman, immobile comme une lampe à l'abri de l'air; il a atteint l'océan de la félicité en Brahman en suivant la rivière du yoga de la conscience affranchie (Amanaska Yoga), et cela grâce à l'extinction de tous ses sens. Il devient alors comparable à un arbre sec. Avec la disparition du besoin de sommeil et des maladies, avec l'amenuisement de la respiration, il a cessé tout contact avec le monde environnant; son corps demeure toujours stable, il en vient à ressentir une paix absolue, s'étant dépouillé des agitations du mental : il s'immerge au sein de l'Âme universelle (Paramatman). » (Brahmana III)

Nada Bindu Upanishad - Up. de la Semence des sons
L'Omkara, symbolisé par le Cygne (Hamsa), est le point de départ de variations et modulations, dont l'Upanishad tente de donner la clef. Puis elle aborde la pratique méditative, et c'est un cours complet de nada yoga : « 44(b)-45(a). Nada, le son, est utilisé comme on le ferait d'un aiguillon pour maîtriser l'éléphant pris d'ivresse – à savoir Chitta, le mental qui sillonne de part en part ce jardin des délices que sont les objets des sens. » L'écoute du son intérieur mène à Tattva Jnana, l'expérimentation de la Réalité Absolue. Les diverses étapes de la réalisation sont passées en revue, constitutant ainsi un enseignement détaillé de la méditation sur Omkara (le pranava) avec méthode progressive... plus quelques difficultés éventuelles mises en relief, notamment la question du karma venu à maturité : comment peut-il opérer pour un être parvenu à la libération ? Les sons intérieurs perçus durant la méditation sont passés en revue, avec des conseils encore très pertinents pour le pratiquant contemporain.

Sandilya Upanishad - Up. du Sage Sandilya
 Le sage Atharvan enseigne au sage Sandilya l'Ashtamga Yoga (les 8 membres constitutifs du Yoga), ainsi que Brahma Vidya, la science de Brahman. Avec une précision anatomique rigoureuse, la Sandilya Upanishad décrit le parcours des quatorze Nadis principales, par lesquelles doit opérer le contrôle du souffle et du mental. Comme toujours, l'accent est mis autant sur les exercices respiratoires et les techniques de méditation que sur les techniques de maîtrise transcendante de la conscience, mais là aussi cette Upanishad se singularise par sa précision technique. De même, la présentation des huit principales postures et des techniques de constriction et de sceau (bandhas et mudras), est menée avec clarté, ces dernières toujours en étroite relation à la phase respiratoire adéquate. À plusieurs reprises, des différences plus ou moins notables apparaissent avec les techniques contemporaines du même nom : j'ai suivi strictement le texte de l'Upanishad, libre au lecteur pratiquant du yoga de modifier ou non ses habitudes.
           Après un long premier chapitre qui couvre tous les aspects fondamentaux du yoga, deux brefs chapitres traitent de la science de Brahman, et aboutissent à un éloge de Dattatreya, l'un des avatars secondaires de Vishnu, et l'incarnation de la Trinité divine.

Tejo Bindu Upanishad - Up. du Germe de lumière spirituelle
Le Tejo Bindu, germe de l'illumination spirituelle qui siège dans notre cœur et qui appartient à Shiva, est « difficile à percevoir » et « il est malaisé de le méditer ». Aussi est-ce l'enseignement que ParamaShiva (Shiva le Suprême) donne à Kumara, son fils, dont nous bénéficions, en cette longue et complexe Upanishad de 30 pages. Une gradation en 6 chapitres, récapitulant tout d'abord les exigences de base de l'engagement yoguique, nous mène de plus en plus profond dans la nature énigmatique de Chinmatra, « l'essence non-duelle et sans parties » qui caractérise la pure conscience d'être (Adhyaya II), puis explore les facettes de ParaBrahman, l'Esprit suprême, caractérisé par Sat-Chit-Ananda, Existence-Conscience-Félicité absolue (Adhyaya III)... Il s'agit enfin de s'installer définitivement dans l'état de libération, et l'Adhyaya IV met en lumière tout ce qui distingue Jivanmukti (la libération de son vivant) de Videhamukti (la libération hors du corps).
Puis nous changeons d'enseignant : le Vénérable Ribhu dévoile les subtiles nuances entre l'Atman et le non-Atman, au-delà de l'apparente non-pertinence de ce dernier concept. C'est en fait tout le cheminement et tout l'enseignement antérieur à ce stade qui se révèle être le non-Atman ! Telle est l'incandescente illumination de cet Adhyaya V ! L'Adhyaya VI clôt l'enseignement de Ribhu, qui jongle maintenant avec les concepts, tous, en un long poème méditatif.
Personnellement, j'approuve le dernier conseil du Sage : « Mettant de côté entièrement et de part en part les pratiques prônées par les autres Upanishads, on doit étudier la Tejo Bindu Upanishad ici-présente avec un délice toujours renouvelé. »
Encore un détail : Cette riche et longue Upanishad, magistralement orchestrée en une savante gradation, n'avait encore jamais été traduite en français !

Trishikhi Brahmana Upanishad - Up. du Brahmane Trishikhi
Un Brahmane du nom de Trishikhi va trouver le dieu Aditya (Surya, le Soleil) et lui demande quelle est la nature du corps, de l'âme et la cause de leur existence: un cours succinct mais complet sur les huit membres du Yoga fait suite à l'élucidation préalable de l'identité essentielle de l'âme individuelle et du Brahman, du microcosme et du macrocosme, et à une exposition rigoureuse de la Création par quintuple mixtion des éléments primordiaux (Panchi Karana).
           Accordant une place prééminente au Yoga de la Connaissance (Jnana Yoga), la Trishikhi Brahmana Upanishad pourrait former, avec la Yoga Kundalini et la Yoga Chudamini, la trilogie de l'enseignement intégral sur le Yoga et la libération en Brahman.
           Comme toutes les Upanishads du Yoga, la Trishikhi Brahmana remonte aux XIIIème-XIVème siècles, sans plus de précision possible. Est-elle ancienne parmi ce groupe d'Upanishads ? Le texte sanskrit, extrêmement concis, est particulièrement ardu à saisir à certains endroits, heureusement peu nombreux, et jusqu'à récemment n'avait fait l'objet d'aucune traduction, même en anglo-indien. Deux sources de commentaires classiques sont d'une aide précieuse : le Commentaire dit Vivarana par Upanishad-brahma-yogi, et le Bhasya d'Appayya Dikshita, auxquels il faut recourir pour préciser le sens, ou l'enrichir lorsqu'il est trop succinct. Tout le mérite revient au Dr. Manmath M. Gharote (1931 – 2005) et à ses collaborateurs, sans lesquels cette Upanishad serait restée dans l'oubli et la méconnaissance.

Varaha Upanishad - Upanishad de l'Homme-Sanglier
Cette longue Upanishad présente, de façon approfondie et clairement structurée, la science de Brahman, Brahmavidya, et la technique d'éveil de Kundalini, l'énergie sacrée. Dans les trois premiers chapitres, l'enseignement est donné par le dieu Vishnu, sous son avatar de Sanglier, au sage Ribhu. Dans les deux chapitres suivants, c'est Ribhu lui-même qui instruit le sage Nidagha.
Le premier chapitre porte sur les principes premiers, ou Tattvas, d'un nombre variable selon les écoles; Vishnu les énumère tous, confirmant qu'il y en a 96.
Le deuxième chapitre explore exhaustivement tout ce qui peut se concevoir de la nature de Brahman, et des liens d'identité entre l'individu incarné et Brahman. Car existe-t-il autre chose que la Conscience, dont Vishnu nous présente six manifestations : Chaitanya, la Conscience suprême – Chit, l’Intelligence universelle – Chinmatra, la pure conscience d'être – Chidatma, le principe de la Conscience absolue - Chinmaya, la conscience transcendantale– Chidakasha, l'éther de la Conscience universelle ? Au niveau de l'individu, il s'agit de transmuer Chitta, la substance mentale, et de fusionner Manas, le mental, avec l'Atman afin de réaliser le Samadhi, état d'absorption unitive, en pratiquant le Laya Yoga.
Le troisième chapitre poursuit l'enquête sur la nature de Brahman, et aiguille l'aspirant sur l'attitude à cultiver pour y parvenir, notamment en dédaignant les pouvoirs paranormaux, Siddhis.
Le quatrième chapitre approfondit le concept des Bhumikas, ces sept niveaux de sagesse qui jalonnent la route vers la libération de son vivant, jivanmukti. Le libéré vivant est dépeint dans ses caractéristiques essentielles, puis les deux voies de libération sont présentées : la voie subite du Rishi Suka et la voie graduelle du Rishi Vamadeva, le sentier des oiseaux et celui des fourmis.
Enfin, le cinquième chapitre donne un cours complet et approfondi de physiologie occulte, accompagné des règles pour contrôler le souffle, pranayama, et faire s'éveiller et monter la kundalini, l'énergie sacrée. Le Nadi chakra et le Bindu chakra sont les éléments clés de ce processus, ainsi que les techniques respiratoires adéquates, et la méditation sur le Pranava Om avec les trois modulations de base, libérant ses pouvoirs occultes et révélant quatre étapes spirituelles.

Yoga Chudamani Upanishad - Up.-Joyau de la Couronne du Yoga
« Joyau de la Couronne du Yoga », cet enseignement rigoureusement ordonné livre toutes les connaissances de base sur l'anatomie subtile (les divers pranas, les chakras et les principales nadis) et sur les exercices yoguiques propres à éveiller l'éveil de l'énergie sacrée, Kundalini Shakti. La diététique, la discipline physique et mentale sont également incorporées à la méthode, laquelle inclut également des techniques de méditation bien précises : analyse du riche symbolisme du OM et pratique de l'Ajapa Gayatri mantra, le mantra naturel de la respiration régulière. Elle termine par une percée dans le Nada Yoga, puis revient aux pratiques de base, envisagées sous une perspective plus spécifiquement spirituelle, pour les pratiquants ayant maîtrisé l'éveil de Kundalini.
Cette méthode, se développant sur des bases extrêmement précises et d'une efficacité incontestable, est réputée dangereuse pour ceux qui ne seraient pas guidés par un maître compétent. Aussi ai-je joint à chaque shloka sa version sanskrite originale, afin d'aider maîtres et disciples à mieux saisir l'essence de cet enseignement. Des notes fouillées aideront à approfondir l'esprit de la méthode.

Yoga Kundalini Upanishad
Jusqu'à présent, ce long traité sur l'éveil de la Kundalini et la maîtrise de la Kundalini éveillée, riche en détails techniques, n'avait jamais été traduit intégralement en français. Cette Upanishad est divisée en trois chapitres : dans les deux premiers, le sage Gautama reçoit l'enseignement de ?, dans le troisième, c'est le dieu Brahma qui fait appel à la science du dieu Shiva. Si cet enseignement met souvent l'accent sur la recherche des pouvoirs occultes, si convoités par les yogis, il éclaircit d'emblée les conditions qu'il faut impérativement remplir : un mode de vie ascétique, un dur travail sur son mental, sans lesquels le contrôle du souffle (l'outil majeur dans l'éveil et la prise en main de Kundalini) ne peut réellement se maîtriser.
Si cette Upanishad prodigue quantité de techniques minutieusement détaillées (sans jamais toutefois livrer l'essentiel), en revanche elle n'indique nulle part par lesquels commencer, dans quel ordre les pratiquer durant une séance, quel est l'ordre de progression, mais elle affirme à plusieurs reprises la nécessité de la pratique quotidienne, et la nécessité d'être guidé par un maître. D'ailleurs, certains éléments-clés sont tenus secrets, notamment dans le cas du Khechari (lévitation et vol astral) et ne sont révélés que par l'initiation d'un maître. Et certains passages – restés obscurs, d'une totale opacité – dans le texte lui-même garantissent l'inviolabilité du secret. Mais – avis personnel – la fine (!) description du sectionnement du frein de la langue, réputé développer lui aussi les pouvoirs occultes, laisse planer un doute sur le bien-fondé d'une telle conception du yoga...

Yoga Shikha Upanishad - Up. sur la pointe ultime du Yoga
Dans cet enseignement que donne le Seigneur suprême, Parameshvara, au dieu Brahma, il s'agit de saisir la quintessence du Yoga, une fois acquis Jnana, la sagesse toute-connaissance, et les conséquences de la maîtrise du pranayama (épanouissement des chakras, éveil du son intérieur, Nada, et de Kundalini, l'énergie sacrée). L'Upanishad effleure, en un bref rappel, tous les points anatomiques subtils mis en jeu par la méditation profonde, l'éveil de Kundalini et le développement des pouvoirs yoguiques. Il s'agit dès lors de maîtriser la complexité des interactions entre la Maya, enracinée dans le Bindu, le son originel (Nada), les trois semences du AUM (Bijas-racines), et de les transposer jusqu'à la source, l'Embryon d'or d'où sortirent l'univers et ce microcosme qu'est l'être humain. Atteindre à l'état suprême, Para, et s'y maintenir en permanence, voilà la pointe ultime du Yoga, voilà la libération absolue. Ce qui est particulier dans cet enseignement, c'est l'accent qu'il met sur la dévotion, d'une part, et sur la nécessité de développer Jnana, d'autre part, au fur et à mesure que l'approche de l'Esprit universel (ParaTattva) se précise. Car « Le yogi qui a maîtrisé tous les enseignements du Yoga et qui a un contrôle complet de ses sens parvient à atteindre tout ce qu'il imagine. » D'où la nécessité d'un Maître, en qui fusionnent dévotion et Jnana.

Yoga Tattva Upanishad - Up. des principes essentiels du Yoga
Vishnu enseigne à Brahma en détail les pratiques du Yoga, clarifiant les différentes étapes, ce qui les définit et leurs signes distinctifs. Cette Upanishad suit l'ordre pédagogique classique, mais dans une présentation assez originale : le but essentiel du Yoga étant de se libérer de ses actes négatifs, il est essentiel de comprendre tout d'abord le fonctionnement de l'âme individuelle et les raisons de sa servitude, et de réaliser que sans la connaissance spirituelle (Jnana), le Yoga ne mène à aucune libération. Et ce sont précisément les outils de cette connaissance spirituelle que nous livre cette Upanishad.

 

12 Upanishads hors-canon

 

Arseya Upanishad - Up. des anciens Sages
Cette Upanishad, très ancienne et difficilement datable, a d'abord été connue par sa traduction en persan : Ark'hi Oupnek'hat, puis en latin. Puis l'original sanskrit fut retrouvé, il figure maintenant parmi les Upanishads non publiées, dans l'édition Adyar de 1933.
Ce dialogue entre les Rishis pour déterminer la nature authentique de Brahman n'est pas sans rappeler l'ambiance que Socrate faisait régner autour de lui, et le style archaïque des raisonnements se rapprocherait encore plus des pré-socratiques que de Platon. Les philosophes physiciens hindous, comme leurs homologues grecs (dont bon nombre allèrent aux sources de l'enseignement, dans un voyage déjà initiatique en Orient, tandis que les pandits et les sannyasins voyageaient volontiers à l'étranger déjà), savaient que rien ne dépasse la vitesse de la lumière, et pratiquaient la dialectique avec une admirable subtilité. C'est tout cela que cette Upanishad survole, avant de conclure par l'affirmation d'une gnose védique, qui contient déjà le germe complet de l'Advaita Védanta.

Ashrama Upanishad - Up. sur les étapes de vie
Les étapes de la vie sont éclairées ici sous un jour nouveau, distinguant seize subdivisions. Peut être rattachée aux Upanishads du Renoncement.

Baskala Upanishad - Up. du Sage Baskala
Cette Upanishad, qui porte aussi le nom de Baskala Mantra Upanishad dans l'édition Adyar, a déjà été traduite en français par Louis Renou (1896-1966). L'anecdote qu'elle raconte illustre admirablement la fondamentale ambigüité du divin, mettant en exergue tout l'arbitraire du pouvoir divin, et montrant à quel point il peut aussi écraser la créature humaine ou user de violence afin de la mener à « la Vérité, l'Être absolu » : « Je ne peux te libérer sans t'emmener dans ma demeure. » Cette formule abrupte synthétise en fait la totalité de l'enseignement védantin, même si elle ne provient pas de la tradition de l'école Baskala. Indatable, écrite dans une langue assez archaïque, il se pourrait qu'elle soit tardive. Mais, telle qu'elle est, c'est une une œuvre forte, étonnante, de grande valeur littéraire.

Chagaleya Upanishad - Up. du Sage Chagaleya
Cette Upanishad fait partie du groupe qui avait été traduit en persan au cours du 17ème siècle. L'original sanskrit figure dans l'édition Adyar, mais avec quelques lacunes qui ont pu être reconstituées grâce à la traduction persane. Il est difficile de la dater. Quant à ces étranges personnages « qui vivent comme des enfants » dans la forêt mythique de Naimisha, sont-ils des basses castes ou des Valakhilyas ? La première hypothèse renforcerait le message qu'entend faire passer ce texte : Qu'est-ce qui constitue le brahmane réel ? Car le concept strict de caste entraîne une séparativité excessive, odieuse. Naître dans la caste des Brahmanes n'est pas essentiel, car l'essence de l'Être ne se trouve pas dans le corps mais dans l'âme, l'Atman.

Kaula Upanishad - Up. de la Voie de la main gauche
L'école Kaula, ou Kula, est dérivée du tantrisme Kapalika, “des enclos funéraires ou des bûchers de crémation”, et se rattache à la tradition Siddha, celle des êtres parfaitement accomplis ayant développe les pouvoirs magiques (Siddhis). Le concept de famille, groupe qu'implique le terme Kaula désigne en fait l'interdépendance qui relie tous les êtres vivants et toute la création, lesquels sont essentiellement une manifestation plurielle de la Divinité suprême, qui est une, qu'on la visualise comme Shiva ou comme sa Shakti.

Pinda Upanishad - Up. de l'offrande de nourriture
 Cette très brève Upanishad enseigne l'utilité des offrandes de boulettes de nourriture aux ancêtres, qui transmettent à l'âme du défunt les éléments qui vont lui donner le matériau de son nouveau corps, lequel se construit progressivement avec dix boulettes, partant du plus subtil pour s'incarner dans la matière. Ici, le nouveau corps est explicitement celui qui sera le véhicule de l'incarnation prochaine.
Or, il y a un passage du Garuda Purana qui donne des informations similaires dans un ordre différent : « ... » Il apparaît dans le Garuda Purana que le corps de Pinda est en fait celui avec lequel le défunt pénètre dans le Yamaloka, le royaume de la mort.

Pranava Upanishad - Up. du Son primordial
Trente-six questions à propos du Om, et les réponses apportées par Prajapati, le Créateur, au dieu Indra. En trois Brahmanas, une analyse grammaticale, phonétique, symbolique et mythologique (cosmogonique, bien sûr) est menée avec rigueur et profondeur. La relation du Om aux Védas, en tant que parole fondatrice, apparaît avec une clarté inattendue. Cette Upanishad est un excellent complément aux Upanishads (nombreuses) qui traitent en partie ou majoritairement du Pranava.

Purusha Suktam - Hymne à l'Homme cosmique
Création des mondes à partir du corps cosmique du Purusha. Le Purusha Suktam est l'un des cinq hymnes (Pancha Suktams) de la tradition Vishnouite, il fait partie de toutes les cérémonies védiques et, bien sûr, des rites quotidiens des fervents de Vishnu ou de Narayana. Il figure dans les quatre Védas, avec quelques variantes.
Il est constitué de deux parties : le Purva Narayana, extrait du Rig Véda (X-90, 1 à 18), auquel est adjoint l'Uttara Narayana, extrait du Vajasaneyi Samhita du Shukla Yajur Véda (31, 1 à 6).
Un commentaire de ce texte constitue la Mudgala Upanishad, à laquelle vous pouvez vous référer.

Shaunaka Upanishad - Up. du Sage Shaunaka
Grâce à la puissance du Pranava OM, les dieux sont vainqueurs des anti-dieux (Asuras).

Shiva Samkalpa Upanishad - Up. de la Dédicace rituelle à Shiva
Au début d'un acte rituel, invoquer Shiva afin que Manas, le mental, soit disposé avec bienveillance à notre égard, ce qui facilitera notre chemin vers la libération.

Shri Chaitanya Upanishad - Up. du Vénérable Chaitanya
Adoration de la Personne suprême sous sa forme de Krishna, ou plus exactement de Chaitanya Mahaprabhu, le fondateur du Bhakti Yoga. Peut être rattachée aux Up. de Vishnu.

Tattva Upanishad - Up. du Principe originel
Le Principe originel, sur lequel reposent toutes choses, créées et incréées. Ce principe originel est nommé dès la seconde strophe : c'est le Purusha, le Principe psychique universel, le Grand Homme cosmique. Cette Upanishad est un collage ingénieux et subtilement agencé d'extraits du Rig Véda et du Vajra Samhita, intercalés entre des strophes qui sont proprement celles de l'Upanishad.

 


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Les 108 Upanishads par ordre alphabétique :

Adhyatma
Advaya Taraka
Aitareya
Akshamalika
Akshi
Amrita Bindu
Amrita Nada
Annapurna
Aruni
Atharvashikha
Atharvashiras
Atma Bodha
Atma
Avadhuta
Avyakta
Bahvricha
Bhasma Jabala
Bhavana
Bhikshuka
Brahma
Brahma Vidya
Brihad Jabala
Brihadaranyaka
Chandogya
Dakshinamurti
Darsana
Dattatreya
Devi
Dhyana Bindu
Ekakshara
Ganapati
Garbha
Garuda
Gopala Tapaniya
Hamsa
Hayagriva
Ishavasya
Jabala
Jabali
Kaivalya
Kalagni Rudra
Kali Santarana
Katha
Katharudra
Kaushistaki Brahmana
Kena
Krishna
Kshurika
Kundika
Maha Narayana
Maha
Maha Vakya
Maitrayani
Maitreya
Mandala Brahmana
Mandukya
Mantrika
Mugdala
Muktika
Mundaka
Nada Bindu
Narada Parivrajaka
Niralamba
Nirvana
Nrisimha Tapaniya
Paingala
Pancha Brahma
Para Brahma
Paramahamsa
Paramahamsa Parivrajaka
Pashupata Brahmana
Pranagnihotra
Prahsna
Rama Rahasya
Rama Tapaniya
Rudra Hridaya
Rudraksha Jabala
Sandilya
Sannyasa
Sarabha
Sarasvati Rahasya
Sariraka
Sarva Sara
Satyayaniya
Saubhagya Lakshmi
Savitri
Sita
Skanda
Subala
Shuka Rahasya
Surya
Svetasvatara
Taittiriya
Tara Sara
Tejo Bindu
Tripadvibhuti Mahanarayana
Tripura Tapini
Tripura
Trisikhi Brahmana
Turiyatita Avadhuta
Vajra Suchika
Varaha
Vasudeva
Yajnavalkya
Yoga Chudamani
Yoga Kundalini
Yoga Shikha
Yoga Tattva

 

 

 

 

                                                                                                                                                                                                
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